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jeudi 21 avril 2016

Retour inespéré des chroniques avec le Silmarillion

[Pause-lecture] Le Silmarillion, de il maestro J.R.R. Tolkien, édition assemblée et préfacée par Christopher Tolkien

Coucou Gandalf et Monsieur le Balrog ! On est contents de
vous voir, mais... qu'est-ce que vous faites ici au juste ?

Les Premiers Jours du Monde étaient à peine passés quand Fëanor, le plus doué des Elfes, créa les trois Silmarils. Ces bijoux renfermaient la Lumière des Deux Arbres de Valinor. Morgoth, le premier Prince de la Nuit, était encore sur la Terre du Milieu, et il fut fâché d'apprendre que la Lumière allait se perpétuer. Alors il enleva les Silmarils, les fit sertir dans son diadème et garder dans la forteresse d'Angband. Les Elfes prirent les armes pour reprendre les joyaux et ce fut la première de toutes les guerres. Longtemps, longtemps après, lors de la Guerre de l'Anneau, Elrond et Galadriel en parlaient encore.

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Titre original: The Silmarillion (compilé et édité en 1977)
Origine: Angleterre
Traduit par Pierre Alien (1978)
Edition: Pocket - Collection SF/Fantasy (1984)




Lire du Tolkien, c'est toujours un petit événement pour moi. C'est clairement le genre de lectures que je décide à l'avance, histoire de bien me préparer, mentalement et physiquement, à replonger dans son oeuvre. Parce que pour moi, on ne lit pas Tolkien comme on lirait n'importe quoi  : c'est quelque chose qui doit se faire dans de bonnes dispositions, tranquillement installé dans un jardin, à l'ombre d'un vieux chêne millénaire (parce que quand même, c'est la classe) ou au calme chez soi, avec une douce lumière chaude, une bonne tasse de thé ou de chocolat à portée de main, et une pipe au bec (éteinte, c'est meilleur pour la santé) . 

Une fois ces conditions remplies, enfin on peut s'ateler à la lecture de l'ouvrage, et s'immerger enfin à nouveau en Terre du Milieu. Car c'est seulement bien installé et la pensée claire que l'on peut ressentir toute la force de l'oeuvre du maître, le souffle des âges, la tempête des batailles, la beauté de ces lieux d'un temps perdu, le déchaînement des passions causant peu à peu la ruine de cet univers, mais qui en même temps ne font que le magnifier... Et le Silmarillion, c'est ce récit, inachevé mais puissant, terrible mais grandiose, c'est l'histoire tragique d'un monde fait pour la beauté mais qui court indéniablement vers sa perte.  

Alors, certes, en lisant le Silmarillion, on découvre la genèse du monde d'Arda, on apprend qui est réellement Sauron, on réalise enfin quel est le destin tragique des Elfes, et que la Terre du Milieu n'est finalement que l'ombre de ce qu'elle fut par le passé; c'est l'occasion de faire connaissance avec le terrible Morgoth, les Valar, les Silmarilli, leur créateur Fëanor et ses descendants, et toute une foule d'autre personnalités des premiers Âges dont quelques figures bien connues (au hasard, une certaine Galadriel et un certain Elrond...) ; et donc, ne serait-ce que d'un point de vue informatif et culturel, c'est un livre intéressant et incontournable, notamment parce qu'il est la fusion parfaite des inspirations - nordiques notamment - et de l'imagination de son auteur. Mais c'est aussi tellement plus que ça : c'est la porte ouverte à toute une mythologie riche qui en appelle à notre propre passé, c'est une galerie de portraits présentant toutes les vertus et les vices du genre humain, mais surtout, c'est tout un ensemble d'histoires magnifiques, de destins croisés qui viennent former cette immense tapisserie qu'est le Silmarillion.


Fingolfin's Challenge to Morgoth, par cet autre grand bonhomme qu'est John Howe.
(Parce que quand même, il faut bien égayer un peu avec de belles images.)

J'ai toujours énormément de mal à parler de Tolkien en fait, et surtout de ce Silmarillion ; difficile en effet de ne pas redire une énième fois ce qui a été déjà dit un bon trouzemilliards de fois par d'autres lecteurs, oui c'est un récit dense, pas forcément évident à lire, notamment au début, qui demande donc de l'implication, et oui, pour peu qu'on s'intéresse un peu à son univers et son oeuvre, le jeu en vaut largement la chandelle. Mais tout cela n'est finalement pas grand-chose, j'ai un peu l'impression en écrivant cela d'avoir affaire à des considérations techniques, qui ne permettent pas d'appréhender ce qu'est réellement l'oeuvre et de rendre justice à son auteur. Et je ne sais pas trop quoi écrire en fin de compte, parce que j'ai toujours beaucoup de mal à trouver les mots pour parler de ce bon vieux professeur, de toute l'admiration et le respect que j'ai pour ce grand monsieur, de tout ce qu'il m'a fait vivre et ressentir. Tout ça est dans mon coeur et mon esprit, mais pour le coucher sur papier, bonjour la misère... 

Donc au final, cette chronique ne ressemble pas à grand-chose, je ne sais pas quoi dire, on y apprend rien, il n'y a même pas d'humour ni le côté râleur habituel pour étayer tout ça, bref c'est bien pauvre pour un machin qui arrive 6 mois après le dernier "vrai" article, vous m'en voyez désolé. Disons que tout ça, ce sera pour la suite, et que là, c'était une petite pause "saute d'humeur" sur un livre avant la reprise d'un rythme plus régulier...


Bon allez, sur ce, je retourne hiberner pour six mois ! A la prochaine les cocos !


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J'ai longtemps hésité à le faire, mais finalement, je fais concourir cette simili-"chronique" 
au challenge viking, au vu des nombreuses inspirations nordiques de l'univers, et donc de l'oeuvre.

dimanche 21 juin 2015

[Japanimation] Ayakashi - Japanese Horror Classic


Série d'animation réalisée par Tetsuo Imazawa, Hidehiko Kadota et Kenji Nakamura
Titre original: Ayakashi
( 怪 〜ayakashi〜 )
Origine: Japon
Studio Toei Animation
Année de production: 2006
11 épisodes de 25 minutes


Allez savoir pourquoi, si certaines oeuvres ont un titre bien défini en version originale, personne n'arrive à se décider sitôt qu'il s'agit de les nommer en dehors de leurs frontières. Un peu l'image du deuxième film Saint Seiya ( l'exemple le plus probant que j'ai pu trouver) qu'en français on appelle, au choix, L'ardent combat des Dieux, La Bataille des Dieux, La Guerre des Dieux, ou parfois plus simplement Asgard le film, et j'en passe et des meilleures. Notez tout de même qu'à chaque fois (excepté pour la dernière proposition) la même notion est conservée, celle d'une marave divine, car il s'agit tout simplement de divergences de traductions. Ce qui n'est pas le cas de l'oeuvre qui nous intéresse aujourd'hui, où là, pour le coup, chacune des propositions met en avant une idée différente. 

L'art de la digression


Le titre japonais était pourtant à la base simplement "Ayakashi", mais par volonté sans doute pour les petits occidentaux incultes que nous sommes de le distinguer d'autres oeuvres du même nom (ou parce qu'ils considèrent qu'on est trop c*ns pour se contenter d'un mot japonais auquel on ne pige rien) le titre de la série a été en versions anglaise et française rallongé étrangement. Ainsi, nous avons l'embarras du choix: Ayakashi - Japanese Classic Horror, Ayakashi - Samurai Horror Tales, Ayakashi: Le théâtre de l'horreur, Ayakashi - Le Petit théâtre de l'Horreur (oui, même pour une différence aussi minime, pas moyen de se mettre d'accord)... c'est la foire au marché du titre! Et si à première vue, tous peuvent paraître semblables, ils véhiculent en fait chacun une idée différente. "Japanese Classic Horror" met l'accent sur le fait qu'il s'agisse de classiques de l'horreur japonaise; "Samurai Horror Tales" insiste de son côté sur le côté "féérique" et "légendaire" de ces histoires, en utilisant la figure quasi-mythique du Samouraï pour le rattacher à ce Japon de légende (un peu comme on le ferait avec nos chevaliers, par exemple); quant au "théâtre de l'horreur", il rappelle le kabuki, une forme de théâtre traditionnel nippon, auquel les histoires racontées se rattachent - on peut aussi aller plus loin en dressant des parallèles et tissant des métaphores entre le théâtre, l'horreur et la mise en scène, mais je n'en ferai rien aujourd'hui.
Peut-être m'avance-je un peu trop, mais cette disparité me donne un peu l'impression que les traducteurs/adaptateurs ne savaient pas trop comment prendre la série, sous quel angle elle devait être visionnée, ce que je n'ai aucun mal à comprendre - peut-être que, si vous n'avez pas vu la série, mes lignes vous aideront à saisir pourquoi. Pourtant, on retrouve des idées communes dans ces titres: l'horreur est à chaque fois présente, ainsi que le fait d'avoir toujours gardé le titre original - ayakashi - au début. Ayakashi, une espèce de mot bizarre utilisé pour définir un yokai comptant certainement quelques anguilles parmi ses ancêtres, mais aussi plus généralement un monstre, un esprit (chose à confirmer par un(e) japonophone de passage, ce serait cool). Et je trouve ça malin non seulement d'avoir gardé ce mot, mais en plus de l'avoir gardé tel quel. Non seulement, parce que, par son sens, il indique l'esprit fantasmagorique de la série, mais aussi parce qu'étant une notion indissociable du folklore japonais, il indique tout de suite dans quelle ambiance il va nous plonger.


Le vif du sujet


Amis amateurs de gore à la recherche de sensations fortes, laissez-moi vous dire que vous vous êtes visiblement gourés d'établissement. Là où l'horreur, telle qu'on l'entend aujourd'hui, exigerait de faire ressentir de la peur et de l'angoisse, à grand renfort de claustrophobie, de sang et de petites filles de gros monstres baveux, celle d'Ayakashi peut paraître un peu vieux jeu, ancrée dans la tradition du conte et du kabuki. Une horreur plus psychologique, portée sur la cruauté des sentiments humains, leurs désirs, leurs peurs et leurs vices incarnés en quelque sorte par les yokai. Il y avait quelque chose en fait qui m'a rappelé la tragédie shakespirienne - vous savez, celle où les malédictions pleuvent par paquet, où un membre du casting sur deux est fou, et où tout finit dans un bain de sang qui n'épargne généralement que le glandu qui arrive après la bataille pour récupérer la couronne et accessoirement constater que le tapis est foutu*. Le tout ancré jusqu'à la vase dans le folklore nippon. 
Ayakashi propose en effet trois histoires différentes, adaptations d'oeuvres pour les deux premières, ou histoire originale pour la troisième, mais toutes tournant autour de légendes et fantômes japonais.

[* Oui, c'est comme ça que je définis une tragédie shakespirienne-type. Il existe évidemment des exceptions, comme Roméo et Juliette où il n'y a pas de couronne à récupérer, ou Richard III, dans lequel ce n'est pas le tapis du salon, mais la pelouse qu'il faudra songer à remplacer.]


Arc I : Yotsuya Kaidan - réal. par Testuo Imazawa


Adaptation de la pièce de kabuki écrite par Tsuruya Nanboku en 1825, Yotsuya Kaidan nous conte la sombre histoire d'Oiwa, une jeune femme trahie par son époux Iemon, qui l'empoisonne et la pousse à la mort pour les beaux yeux d'une autre femme. Trompée et humiliée, Oiwa revient par la suite d'entre les morts pour assouvir sa vengeance. Trahisons, meurtres dans tous les coins, folie, cruauté, malédictions en tous genres...

Quand je parlais de "tragédie shakespearienne", c'est principalement à cette histoire que je pensais. C'est peut-être d'ailleurs inconsciemment cet aspect qui fait qu'elle m'a autant marqué, ajouté à son côté noir et glaucque. A vrai dire, je vous ai résumé très rapidement ce premier arc, mais niveau cruauté et rebondissements macabres, il est en réalité bien plus fourni que ce qu'il pourrait laisser supposer au premier abord. Il a pourtant quelque chose d'assez "à l'ancienne", aussi bien dans sa narration et sa mise en scène, que dans son animation et son chara-design... Pour tout vous dire, au début, je croyais même sincèrement avoir affaire à une série des années 90, c'est dire! Quelle n'a pas été ma surprise en découvrant que l'année de production était non pas 1992, mais 2006... Et pourtant, j'ai trouvé qu'il se dégageait un certain charme de cette animation un peu vieillote... En fait, je trouve même qu'elle sert parfaitement le propos: couplée au design particulier mais à mes yeux réussi des personnages, sa lenteur vient appuyer l'ambiance lourde et dérangeante qui se dégage de l'histoire. Un arc qui m'a donc marqué et que j'ai trouvé particulièrement réussi au niveau de son chara-design, son histoire, sa narration et l'ambiance lourde et glaucque qui s'en dégage, renforcée par une forme pourtant loin d'être au top techniquement.

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Arc II : Tenshu Monogatari - Hidehiko Kadota


Basé sur une nouvelle écrite par Kyoka Izumi en 1917 - qui deviendra par la suite une pièce de kabuki en 1951 - Tenshu Monogatari raconte l'histoire d'amour entre une princesse démone, Tomi, et un jeune fauconnier, Himekawa Zushonosuke (merci l'Internet!). La princesse Tomi est cependant à la tête du terrible château hanté d'Himeji, où elle vit avec ses soeurs démones en se repaissant des humains imprudents qui osent y pénétrer. Mais la rencontre entre Tomi et Zushonosuke va petit à petit faire évoluer cette situation, d'autant que le daimyo local voit d'un très mauvais oeil ce repaire de monstres qui l'importune plus qu'autre chose. Amour interdit, combats désespérés et êtres fabuleux sont au programme dans Tenshu Monogatari.

J'avoue avoir été plutôt surpris en constatant que cet arc avait été globalement préféré au premier, et pas qu'un peu. Pourtant, de mon point de vue, Tenshu Monogatari n'est pas au niveau de Yotsuya Kaidan. Premier point déjà: je ne suis pas très fan de la direction artistique. Certes, le chara-design est moins "daté", mais je lui trouve également beaucoup moins de charme, surtout en ce qui concerne les personnages masculins, assez laids, il faut bien le dire. Et puis, ces couleurs chatoyantes... Autant, dans l'arc suivant, elles conviennent parfaitement, autant ici, je ne les trouve pas forcément adaptées, il y a quelque chose qui sonne faux. Et puis cette animation... Là, pour le coup, malgré quelques scènes d'action plus réussies, elle plombe vraiment l'histoire. Ohlàlà, ces courses à cheval... Je n'en ai pas vu d'aussi raides depuis la Playstation première du nom... Et pour un arc qui en comporte autant, c'est vraiment dommage!

Mais le principal grief que je pourrais faire à l'encontre de Tenshu Monogatari concerne son récit. Non, je ne suis pas vraiment un grand fan des histoires d'amour. Ou plutôt, pour être vraiment exact, j'aime bien les romances, mais quand elles interviennent dans le contexte d'une autre histoire. Mais pourquoi pas, après tout; fondamentalement, je n'ai rien contre, juste que ça ne me passionne pas et qu'il en faut beaucoup pour me convaincre. Autant vous dire que d'emblée, Tenshu Monogatari ne partait pas vraiment gagnant. Et n'a pas fini gagnant non plus, en y réfléchissant.
Parce que, si j'ai apprécié le personnage de la Princesse Tomi, tiraillée entre ses origines, son rang, et sa curiosité envers les humains, je suis en revanche loin d'avoir porté dans mon coeur le jeune fauconnier. Assez rapidement, son caractère et son comportement me sont sortis par les yeux, et je me suis retrouvé du côté de la vieille Uba, à souhaiter qu'il se barre, se suicide, ou accepte de se faire manger par des fourmis en offrande aux kamis. Même leur supposée histoire d'amour sonnait creux, j'ai vraiment eu l'impression que le récit forçait les choses pour le bon déroulement de l'intrigue... mais non... Ce n'est pas comme ça que les sentiments fonctionnent... Et surtout, pas comme ça que vous réussirez à conserver mon intérêt. J'ai presque dû me forcer pour regarder les deux derniers épisodes!

Il y avait pourtant de bonnes idées, une histoire poétique sur le papier, quelques scènes plutôt jolies et réussies, certains passages mélancoliques, et même pour ce qui est du chara-design, les personnages féminins ont quelque chose d'assez gracieux. Et surtout, la bande-son est superbe (m'enfin, elle est commune à tout la série, pas uniquement à cet arc) et plonge tout de suite dans l'atmosphère mystico-fantastique étrange de la série. Mais à côté, tout cela est gâché par une romance assez plate à mon goût, des personnages peu intéressants, et une réalisation qui ne suit pas toujours. L'arc le moins bon des trois à mes yeux.

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Arc III : Bakeneko - Kenji Nakamura


Seule histoire vraiment originale du trio, Bakeneko présente un fantôme japonais très populaire - le... bakeneko. On y suit un étrange apothicaire, également exorciste, sur le lieu d'un mariage où la promise a été mystérieusement assassinée. Il s'avère bientôt qu'il s'agit de l'oeuvre du fameux bakeneko, revenu pour se venger. Chargé de son élimination, l'apothicaire ne peut toutefois le défaire sans connaître les raisons de sa haine. Il lui faut donc lever les mystères qui pèsent sur la Maison, afin de pouvoir vaincre son adversaire. Lourds secrets de famille, action idyllique et ambiance huis clos pour ce dernier arc visuellement atypique.

Sans aucun doute le plus intéressant des trois arcs en terme d'animation et de mise en scène, et peut-être mon préféré, même si Yotsuya Kaidan m'a davantage marqué. C'est une véritable extase visuelle, fourmillant de détails et de couleurs dans un style très marqué qui rappelle les estampes japonaises. On a également pas mal de bonnes trouvailles au niveau de la mise en scène qui viennent appuyer cette ambiance colorée un peu irréelle. J'ai également trouvé l'histoire et la narration très intelligentes, cette façon d'installer peu à peu le malaise dans ce huis clos, qui nous pousse finalement à vouloir en apprendre davantage sur les personnages, à savoir pourquoi on en est arrivé à cette situation. Et au final, là où dans Yotsuya Kaidan, dès le début, la couleur était annoncé, ici le masque de légèreté tombe de plus en plus au fur et à mesure des épisodes, pour révéler encore une fois la cruauté des sentiments humains. Oh, il y aurait tant à dire sur ce dernier arc, sur sa direction artistique, sur son ambiance, sur son héros, cet apothicaire si mystérieux et pourtant tellement charismatique... Toutefois, pour éviter de trop me répéter par la suite, je m'arrêterai ici. Car, peut-être le savez-vous déjà, mais le succès de cette dernière histoire fut tel qu'une autre série d'une douzaine d'épisodes reprenant le même personnage principal et se déroulant dans le même univers, a été produite. Cette série, Mononoke, je compte bien la regarder prochainement, et à ce moment-là, je vous en reparlerai plus en détail!


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Alors, en conclusion, Ayakashi, c'est à voir ou pas?


Hé bien, je dirais que si vous êtes féru de folklore et de légendes japonaises, vous pouvez tenter l'expérience. L'atmosphère est clairement un des points forts de la série, tous arcs inclus - oui, même le second que je n'ai pas aimé. Au niveau de la réalisation et de la direction artistique, c'est kif-kif bourricot, à vous de voir, en revanche la bande sonore est une vraie réussite. Après, gardez à l'esprit que chaque arc est totalement indépendant, donc si l'un ne vous branche pas trop, vous pouvez directement enchaîner avec le suivant sans être perdu - le dernier en revanche est incontournable, ne serait-ce que pour le côté expérimental de sa patte graphique et de sa mise en scène particulières.

Le mot inutile de la fin


Mais au final, Tonton Artalok, je n'ai toujours pas la réponse à ma question: horreur ou pas horreur?
Ne t'inquiète pas, cher petit lecteur perdu, je vais te répondre. C'est peut-être le titre qui t'a attiré vers cette série, avec l'éventuelle promesse de vivre une expérience gore et épeurante qui ferait passer Corpse Party pour un épisode des Bisounours**. Mais l'horreur d'Ayakashi n'est pas celle d'aujourd'hui, mais celle des origines, à base de folklore, de malédictions et de noirceur humaine, d'où provient la J-Horror actuelle. Ce n'est donc peut-être pas exactement ce que tu recherchais, cher petit lecteur, mais c'est aussi bien pour enrichir ta culture, tu ne crois pas? Allez, mes amitiés à toi, et que tes pas te guident vers de bonnes découvertes!

[** Après, tout dépend: si par exemple vous êtes comme moi, et que la perspective d'avoir à ne serait-ce qu'en supporter le générique constitue déjà en soi une expérience horrifique, inutile de dire que cette expression ne fonctionne pas.]


mardi 25 novembre 2014

Du thé, s'il vous plaît. Beaucoup de thé. Oh, et je voudrais lire en paix.

Emma, tomes 4 et 5 (édition intégrale), de Kaoru Mori (manga)
Note: j'ai un don pour trouver des titres parfaitement appropriés au contenue de mes articles.



Infos complémentaires:
Titre original: エマ (Emma)
Série: Emma (5 double-tomes/10 tomes "simples")
Série finie, 2002-2008
Traduction par Yohan Leclerc
Edition: Ki-oon, collection Latitudes (2014)
Nombres de pages: 477 (tome 4) - 447 (tome 5)



Aaawwwwh...
Kaoru Mori est une auteure que j'adore. Chacune de ses pages respire la passion. Son trait fin et détaillé, ses personnages attachants, ses histoires simples mais touchantes, ont su me conquérir, et c'est toujours avec un réel plaisir que je relis ses oeuvres, qui font d'ailleurs sans conteste partie de mes lectures préférées. Avec Emma, elle nous invite à un voyage dans l'Angleterre de la fin du XIXe. Emma, une jeune femme de chambre, et William Jones, fils aîné d'une grande famille bourgeoise, s'éprennent l'un de l'autre malgré leurs rangs sociaux diamétralement opposés. Mais évidemment, en pleine époque victorienne, une telle relation n'est pas du goût de tout le monde... On suit donc les pérégrinations des deux personnages, d'abord dans l'évolution de leurs rapports, puis face aux contraintes de la société. Le tout dans une ambiance typiquement victorienne, des grandes rues de Londres, aux couloirs sans fin des manoirs de campagne, sans oublier les bals, les voyages en train à vapeur, les petits villages du bord de mer et bien entendu, des visites obligées au Crystal Palace. En résumé, un joli voyage dans le temps, ponctué par de nombreuses rencontres avec des personnages attachants et hauts en couleurs.

Un joli fanart plein de couleurs signé Waprom
Si j'avais bien aimé, mais sans plus, les deux premiers double-tomes de cette nouvelle édition, je suis en revanche complètement tombé sous le charme d'Emma à partir du troisième. Avec ces deux derniers tomes, c'est toute un périple qui s'achève. C'est donc avec regret que j'ai quitté mes personnages le dernier chapitre achevé, avec toutefois le sentiment d'avoir pris part à une fantastique aventure. Ces deux tomes sont toutefois un peu particuliers, dans le sens où ils sont essentiellement consacrés (60 à 75 pourcents je dirais) à des chapitres "bonus" centrées sur les personnages secondaires, et donc sans rapport direct avec la trame principale. Et je dois dire que j'ai tout simplement a-do-ré! A la fois drôles et touchantes, ces petites histoires  sans prétention permettent d'enrichir ces personnages attachants, qui sont l'une des deux grandes forces de la série - l'autre étant justement ces histoires toutes simples, sans chichi, qu'elle arrive à rendre passionnantes. Gros coups de coeur, sans hésiter, pour les différentes histoires consacrées aux domestiques de la famille Mölders ainsi qu'au double-chapitre sur les chanteurs d'opéra!

Il y a même une histoire consacrée à l'écureil de compagnie du
jeune fils Mölders - si ça c'est pas du bonus qui déchire!
Finalement, avant qu'on ne les quitte, tout ce petit monde se réunit une dernière fois pour un beau final en grande pompe autour du buffet de mariage de William et d'Emma (parce que c'est la nourriture et l'alcool qui permettent de rassembler les gens, quoiqu'on en dise), un long passage magnifique où tout le monde fait une apparition - sauf ce vieux gâcheur de Campbell, qui a coupé tout lien avec les Jones... - et qui conclut parfaitement la série en prenant bien son temps - et moi, vous le savez, j'aime les trucs qui prennent leur temps. Le seul regret que j'ai avec cette conclusion, finalement, c'est que j'aurais aimé en (sa)voir plus sur la période précédant le mariage d'Emma et Jones, la vie chez Mme Trollhope, "l'apprentissage" d'Emma... parce qu'il s'écoule bien plusieurs années (au moins 3 ou 4) entre les noces et son apparition précédente... Enfin bon, de toute façon, j'aurais aimé avoir plus de tout, c'est ça l'ennui avec les gâteaux bien trop excellents: on a envie d'en reprendre, mais il n'y en a déjà plus, soit parce qu'il n'y en avait déjà pas beaucoup à la base, soit parce que votre frère s'est incrusté pour le déjeuner et qu'il s'est empiffré sans vous laisser une seule miette.

En tout cas, visuellement, c'est toujours aussi réussi. L'édition "intégrale" permet entre autres de profiter en grand format des superbes planches de Kaoru Mori, soignées, fines et bourrées de détail. Les décors fidèlement retranscrits semblent prendre vie aux côtés des personnages, c'est un vrai régal pour les yeux! Dommage pour les couvertures par contre, qui pâtissent vraiment de la charte graphique de la collection... Et puis pas de pages couleurs, non plus. Tant pis!

C'est vraiment dommage qu'on n'ait pas d'illustrations couleur, parce que vu  le niveau
de skill de Kaoru Mori, ça déchirerait la rétine à coup de bulldozer.

Bilan des courses


Deux très beaux double-tomes pour conclure brillamment l'autre série-phare de Kaoru Mori, qui ne cessent de me rappeler pourquoi j'adore cette auteure. C'est beau, c'est drôle, c'est émouvant mais pas mièvre pour un sou, bref, c'est génial. Une série dont je me rappellerai longtemps, et que je relirai avec plaisir.

Honte sur moi, c'est seulement à la lecture des bonus du tome 4 que j'ai appris qu'il existait un anime adapté d'Emma - qui est moins joli que le mangasse mais a une BO sympa. A vrai dire, je ne l'avais même pas soupçonné, étant donné que l'autre grosse série de Kaoru Mori (Brides Stories) n'a pas encore fait l'objet d'adaptations... (et c'est là qu'on m'apprend dans les commentaires qu'il existe une comédie musicale live et six eroge sur Bride Stories...)

Conclusion du machin

Lisez Emma. Emma, c'est Bien.