Affichage des articles dont le libellé est Humour. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Humour. Afficher tous les articles

lundi 31 octobre 2016

(B)reinedead

(on remarquera que cette chronique, après tant de mois de rien, sort pile pour Halloween... si ça c'est pas de la coïncidence ! )

[Pause-lecture] Victoria, Reine et tueuse de Démons, de A. E. Moorat (Queen Victoria : Demon Hunter, 2009) 


Londres, 1838. 
La Reine Victoria est couronnée : elle reçoit l'orbe, le sceptre, et un arsenal d'armes destiné à pourfendre les démons ! Car au palais de Kensington, il y a de nombreux domestiques pour les tâches les plus ingrates, mais il incombe au souverain d'éliminer les engeances des enfers...
Bienvenue dans l'ère victorienne !
-----
"À une heure avancée de la nuit, alors qu’il contemplait Perkins, son serviteur, en train de manger son chien, Quimby, l’air sombre, se mit à réfléchir aux événements inhabituels survenus dans la soirée. "

   Origine : Royaume-Uni
   Traduction : Carine Roulet (2011)
   Edition : Eclipse (2011)


Victoria. Tueuse. De. Démons. En costume de sacre, avec des armes trop classes et tout plein de têtes décapitées.

Shut up and take my money ! 

Comme beaucoup je suppose (peut-être même comme vous, qui sait ?), j'ai été fortement interpellé par le titre et la couverture lorsque je suis tombé un peu par hasard sur ce livre dans un étal de bouquiniste, alors que j'étais simplement venu à la base pour .... et allez, voilà qu'il nous raconte encore sa vie ... bref, difficile de ne pas étre titillé par un visuel pareil, d'autant que de manière générale, le concept de fantasy/fantastique historique (ce n'est pas tout à fait ça, mais vous saisissez l'idée) m'intéresse énormément. D'autant plus que la thématique zombies/démons impliquait un ton décalé série B assumé, donc une bonne petite lecture décomplexée et pas prise de tête, peut-être même fendarde, bref un machin à des lieues de mes lectures habituelles, en perspective. 
Et en fin de compte, même si c'était un poil différent et en deçà de mes attentes, c'est bel et bien ce que j'ai eu. n'est-ce pas Les Mystères de Saint-Petersbourg (non, je n'arrêterai pas avec celui-ci)

Oui, je spouale la fin de ma chronique dès le début. Oui, je le sais. Oui, je m'en fous. C'est chez moi ici, je fais ce que je veux. Au moins, comme ça, pas de malentendus entre nous, et puis si jamais ça vous saoule, ça vous permet d'arrêter la lecture à tout moment, et ce en commençant tout de même dans les grandes lignes le verdict final. C'est plus pratique comme ça, non ? 

Bon, maintenant que ce mystère a été éclairci, je pense que nous pouvons revenir à des choses plus triviales. 

La couverture reprend ce tableau bien
connu de la reine en costume de sacre
Comme vous avez pu vous en douter au vu du titre, de la couverture, et du petit résumé, le roman met donc en scène cette bonne vieille Victoria (enfin, jeune dans le cas présent) à peine couronnée, et déjà bien occupée...  À l'époque où Elizabeth Bennett poutrait du zombie grâce à ses skills de ninja, et bien avant qu'Abraham Lincoln ne se mette à la chasse aux vampires, la jeune reine avait elle aussi bien des ennuis dans son royaume avec les forces des ténèbres... car ce ne sont rien de moins que des démons venus tout droit des Enfers, qu'elle doit affronter ! Un sombre complot s'ourdit en effet en plein coeur de l'Angleterre, visant à placer les descendants de Baal sur le trône ...
C'est ainsi l'occasion de revisiter les première années de l'ère victorienne sous un angle un peu inédit - et tellement jouissif ! Les lycanthropes déguisés en valets - perruqués et poudrés, s'il vous plaît ! - les prostituées et parlementaires zombies, les armées de petits ramoneurs possédés, se mêlent joyeusement - le plus souvent avec force et fracas - aux grandes figures de l'époque que l'on est amené à croiser au fil des chapitres. De ce côté là, le mélange fonctionne parfaitement, d'autant qu'il est fait avec suffisamment de décalage et de dérision, mais toujours maîtrisé, pour éviter de somber dans le gros n'importe quoi, ou au contraire dans le "trop au sérieux". Et ça, mine de rien, c'est un très bon point. 

J'ai pourtant eu un peu peur au début de ce côté-là, je vous l'avoue, car à un moment, les chapitres de Victoria s'orientaient un peu trop vers son amourette sa relation avec le Prince Albert, et très honnêtement ... Je n'en avais pas grand-chose à faire. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose - d'autant que ça représente une part très importante et de la vie de la reine, et de l'intrigue - mais ça empiète à mes yeux un peu trop sur l'aspect guerre contre les démons, côté Victoria. Et puis du coup, elle ne commence à véritablement poutrer du démon que vers la moitié-les deux tiers de l'histoire. Petite déception de ce côté-là, car pour une oeuvre qui s'appelle "Victoria, tueuse de démons", la Victoria, elle n'en chasse pas tellement au final.

Le dieu-démon Baal, dont les descendants
cherchent à asseoir leur domination sur le monde ...
Fort heureusement, il y a Quimby. Le seul, l'unique, le grand Quimby. Qui à lui tout seul représente environ les deux tiers du fun de l'histoire. Pour faire simple, disons que c'est une espèce de noble pervers, légèrement malhonnête sur les bords, et plutôt porté sur la nécromancie... Il forme avec son serviteur Perkins, tout aussi dépravé que le maître - et accessoirement changé en zombie suite à un malheureux concours de circonstances - un drôle de duo auquel j'ai curieusement fini par m'attacher à la suite de toutes ces mésaventures à base de chantage zombies, possédés, et rats sauvages dans lesquelles ils se retrouvent embarqués... Le contraste très amusant entre le caractère immoral des deux hommes et leur attitude exagérément guindée propre à la haute société a dû également beaucoup jouer sur ce ressenti. J'ai été surpris tout de même de voir qu'ils étaient aussi présents, mais leur présence permet d'alléger grandement le ton du récit, en apportant beaucoup d'humour au récit. Bon, pas toujours très fin hélas, ça tourne souvent autour de la ceinture, avant comme arrière, si vous voyez ce que je veux dire ... *clind'oeilclind'oeil* (bons dieux que je suis ridicule...)

Par ailleurs, les autres personnages tiennent bien la route, entre la badass Maggie Brown, mentor et protectrice de la reine, le bienveillant et attachant Lord Melbourne, Premier Ministre du Royaume, et le détestable sir John Conroy, odieux manipulateur de l'ombre ... L'intrigue offre de nombreux rebondissements, et nous entraîne dans une aventure haute en couleurs, nous faisant visiter les Palais de Kensington et Buckingham, les fameux clubs de gentlemen de Londres, la Chambre des Lords, les bas-fonds de la ville, sans oublier bien sûr, détour obligé par les asiles glauques de l'époque... Le tout avec moultes scènes d'action, bien riches en hémoglobine, des combats effrennés contre des hordes de revenants ou de lycanthropes, des duels à l'arc, à l'épée, ou encore à l'aide d'armes plus... inédites... Bref, les décors et situations sont assez variés, nous offrant un bel aperçu du Londres de l'époque victorienne, mais version histoire d'horreur-série B... 
Sinon, rien d'exceptionnel dans la plume et la narration, mais le tout est suffisamment maîtrisé pour que ça se lise facilement et rapidement, sans prise de tête, en gardant un bon rythme du début à la fin. Peut-être un peu trop survolé par moments: quelques descriptions, et développements supplémentaires n'auraient pas été de trop, notamment du côté de Victoria et des démons, pour pousser le concept un peu plus loin, d'autant que certains éléments restent encore en suspens à la fin ... 


Bref, un bon petit roman d'horreur historique au ton décalé un peu série B parfaitement assumé, qui offre sans prétention ce qu'il promet, avec un concept qui méritait toutefois d'être poussé un peu plus loin. La partie romantique côté Victoria empiète malheureusement un peu trop sur d'autres développements, et l'humour souvent coïto-scato est loin d'être toujours très fin; cependant rien qui vienne gâcher outre mesure la lecture. Rien d'inoubliable dans ce "Victoria, reine et tueuse de démons" finalement, mais ça reste très plaisant , jouissif même, comme défouloir littéraire, pour passer le temps entre deux lectures moins légères. 

Victoria se doutait-elle que, quelques décennies plus tard, une nouvelle catastrophe s'abattrait sur son royaume ?
(The new adventures of Queen Victoria, par Pab Sungenis - allez voir, c'est rigolo.)

jeudi 3 septembre 2015

La revanche littéraire de la Brigade SOS!

[Pause lecture] Haruhi Suzumiya, tome 1: La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, de Nagaru Tanigawa



Ça ne surprendra pas grand-monde: comme beaucoup de gens, j'ai découvert l'univers de Haruhi Suzumiya par le biais de l'excellent anime de Kyoani. Une fois visionnés les 28 épisodes, le film, et les spin-off humoristiques, et attendant une suite qui ne venait pas, j'ai eu un sentiment de manque, l'impression que ce monde, ses possibilités, cette histoire n'avaient pas encore été exploités complètement, qu'il restait des pistes à explorer - et pour cause, puisqu'à peine la moitié du support original a été adaptée! Etant résolument attaché à cet univers, j'ai donc pris la décision de retourner à la source originelle: la série de light novels.
Je ne reviendrai pas sur la polémique autour de l'édition française et de la communication qui a été faite par Hachette; si ça vous intéresse, sachez que d'autres plus informés l'auront fait mieux que moi. Toujours est-il que le fait que seul l'un des tomes ait été traduit et distribué en France m'avait longtemps rebuté, mais en constatant récemment que mon niveau en anglais n'était finalement pas si mauvais qu'on voulait me le faire croire, j'ai fini par me dire que je pouvais tout à fait inaugurer la série dans la langue de Molière, avant de la poursuivre dans celle des Monty Pythons! Et donc enfin, après plusieurs années d'attente: La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, de Nagaru Tanigawa.


La couverture japonaise du roman. Devinez un peu
qui est la miss à l'air fier d'elle qui apparaît dessus?
Pour les non-connaisseurs, ce premier tome nous introduit le personnage de Kyon, un jeune et fringant lycéen un peu grincheux sur les bords (vous comprendrez donc aisément que je n'ai jamais eu aucune difficulté à le trouver sympathique) qui sera notre narrateur. Des circonstances qu'il préfèrerait oublier l'amènent à se rapprocher de Haruhi Suzumiya, la "fille bizarre" de la classe - et même du lycée tout entier à vrai dire - laquelle, rejettant toute forme d'intérêts pour les humains "normaux", traque les voyageurs temporels, enquête sur les pouvoirs paranormaux, et passe ses temps de pause à tenter de communiquer avec les extra-terrestres. Bref, une fille pas banale, et qui de surcroît, s'ennuie. 
S'ennuie même tellement, qu'après avoir écumé sans succès tous les clubs du lycée, elle finit par embarquer Kyon pour qu'ils créent leur propre club: la Brigade SOS. Le programme d'Haruhi est simple: partir à la recherche d'extra-terrestres, d'espers ou de voyageurs du futur, ou de tout phénomène surnaturel. Rapidement, se joignent à eux - de gré ou de force - trois étudiants: Yuki Nagato, Mikuru Asahina et Itsuki Koizumi. La petite équipe ainsi montée peut rapidement, sous la direction d'Haruhi, partir à la recherche des mystères de ce monde... mais il se pourrait bien que le but de sa quête se trouve finalement plus proche d'elle que la jeune fille ne le pense... et surtout, il est fort possible qu'elle soit plus importante encore qu'elle ne l'imagine. Autant dire que cette nouvelle vie n'est pas de tout repos pour Kyon, puisqu'il se verra le premier confronté à tous ces étranges événements!

La première chose qui m'a surpris avec ce roman, c'a été de constater à quel point son adaptation animée lui était fidèle. Le début de l'histoire garde le même esprit, le même rythme et la même narration, et il n'y a pas d'ajout ou de réelle différence dans son déroulement d'un support à l'autre. Avant de poursuivre, il faut bien que je vous le dise: le premier arc de l'anime, dans lequel Haruhi assistée de Kyon crée la brigade, puis recrute tous les membres, avant que l'on apprenne finalement un par un qui ils sont réellement, est loin d'être ma partie préférée. Manque de bol, tout ça, c'est dans le premier roman. Et je vous avouerai que je craignais du coup un peu de m'ennuyer pendant la suite de ma lecture, d'autant que sans apport supplémentaire, je pensais qu'un maudit sentiment de déjà-vu finirait rapidement par m'assaillir.

Qu'est-ce que je me suis gouré, les cocos!

J'en suis moi-même le premier surpris, j'ai a-do-ré lire La Mélancolie de Haruhi Suzumiya. Tanigawa a réussi à me faire aimer ce début d'aventure que je pensais ennuyeux. Et le pire, c'est que je ne sais même pas vraiment pourquoi, puisqu'il s'y passe exactement la même chose que dans l'anime! Sans doute que l'écriture de Tanigawa, couplée à une excellente traduction française, ne doit pas y être pour rien: la lecture est très fluide et facile, et la narration à la première personne par Kyon, toujours bourrée de sarcasme, de second degré et de réflexions plus ou moins psychologiques et philosophiques, donne son ton particulier et inoubliable au récit. Par ailleurs les événements s'enchaînent de façon rythmée, sans aucune longueur, ce qui les rend vraiment agréable à suivre. J'ai donc au final eu beaucoup de plaisir à re-découvrir les débuts de la Brigade SOS sous un oeil nouveau, et si je n'aurais pas regretté la présence de quelques éléments supplémentaires par rapport à l'anime à me mettre sous la dent, je pense que ceux-ci ne se seraient au final pas avérés nécessaires. D'autant plus que je me régalerai avec la suite, que je compte bien acquérir en anglais sous peu, afin de savoir quelles nouvelles péripéties attendent notre jolie brochette de héros! 


La Brigade SOS au complet! Les illustrations sont malheureusement absentes de l'édition française...

Le mot de la fin


Je ne dirai qu'une chose: si une histoire originale, plus profonde et complexe qu'elle n'en a l'air mêlant comédie lycéenne japonaise, science-fiction, humour, paranormal et réflexions philosophiques, narrée avec sarcasme et second degré, le tout écrit de manière fluide et rapide à lire, ou avec une réalisation irréprochable, et que les langues étrangères nécessaires pour connaître la suite ne vous font pas peur, n'hésitez pas! Foncez lire ou regarder La Mélancolie de Haruhi Suzumiya. Ou mieux: faites les deux! ;)


____________________________________________________________

vendredi 26 juin 2015

Pause littéraire: L'équipe de foule-ta-balle Universitaire Invisible entre en scène!

Les Annales du Disque-Monde, tome 33: Allez les mages!, de Terry Pratchett



Menace sur le paisible et douillet quotidien des mages : si l'Université de l'Invisible ne renoue pas avec la tradition du fouteballe, d'intolérables restrictions sont à prévoir dans leur train de vie.
Il reste à former un staff et une équipe compétitifs. Par bonheur, l'université dispose, parmi le petit personnel, d'individualités remarquables. Citons Trevor Probable — inouï ce qu'on obtient d'une boîte de conserve —, Glenda, la reine des tourtes, Juliette, ravissante nunuche promise à un bel avenir dans l'univers de la mode, et le mystérieux monsieur Daingue. Qui est Monsieur Daingue ? Le sait-il lui-même ? Toujours est-il qu'on le surveille en haut lieu.
Tandis que le match fatidique approche, quatre vies s’entremêlent et quatre destins basculent. Car ce qu’il faut savoir du fouteballe – ce qu’il faut savoir d’important sur le fouteballe –, c’est qu’il dépasse le cadre du fouteballe.





" Techniquement, la cité d’Ankh-Morpork est une tyrannie, ce qui n’est pas forcément l’équivalent d’une monarchie, et, pour tout dire, le seigneur Vétérini a même largement redéfini la fonction de tyran dont il est le titulaire comme étant la seule forme de démocratie qui marche. Tout le monde a le droit de voter, sauf ceux qui sont disqualifiés pour des raisons d’âge ou parce qu’ils ne sont pas le seigneur Vétérini. "
-----
" Manger, c'était leur tasse de thé, et si possible, leur tranche de cake. "


     Infos complémentaires:
     Titre original: Unseen Academicals (2009)
     Série: Les Annales du Disque-Monde (Discworld)
     Origine: Grande-Bretagne
     Traduction par Patrick Couton
     Edition: L'Atalante (2010)
     520 pages


Aussi étonnant que ça puisse paraître, non, je n'aime pas le monde du sport, et du foot encore moins. Enfin, sauf lorsque celui-ci sert de prétexte à la parodie et l'humour en tout genre! Et après Conan le Barbare, Hamlet, Le fantôme de l'opéra, la poste et même Hollywood, il était enfin temps pour Pratchett de s'y attaquer! Je ne pouvais donc me permettre de faire une croix dessus, d'autant plus que le tome promettait de mettre largement en avant le petit groupe des mages de l'Université de l'Invisible, ma troupe de bras cassés préférés de l'univers du Disque-Monde.

Vous savez ce qui est rigolo? C'est qu'ils ont même été jusqu'à
créer des "cartes de foot" à l'image des personnages joueurs!
Comme d'habitude, les interactions entre les personnages sont très réussies et font tout le sel de cet épisode. Comique de situation et de caractère, jeux de mots, absurde, Terry Pratchett nous gratifie une fois encore de son humour très anglais qu'il maîtrise à merveille, et, une fois encore, c'est un véritable régal. Félicitations également encore une fois à Patrick Couton, qui accomplit vraiment un travail d'adaptation (je n'oserais même plus parler de "simple" traduction à ce stade!) formidable sur la série depuis maintenant plus de vingt ans - hé oui!
En réaction à certaines chroniques que j'ai pu lire ailleurs, non, je n'ai pas forcément trouvé ce volume moins drôle que les précédents, mais il est vrai que les passages sur un ton plus grave sont davantage présents que dans les tomes précédents, notamment ce qui tourne autour de la quête d'identité de Daingue et de l'"héritage" de Probable. Disons donc simplement que le ton général est certes moins déjanté, mais toujours joyeusement et suffisamment décalé pour m'avoir fait sourire - voire rire - plus d'une fois!

Si les mages restent fidèles à eux-mêmes - comprenez par là que la menace de voir le nombre de repas dans la journée réduit à trois demeure leur principale motivation tout au long du récit - j'ai en revanche un peu regretté qu'ils ne soient pas sur le devant de la scène. Oh, ils ont un rôle suffisamment important, ce n'est pas le problème, mais ils s'effacent malheuresement un peu trop souvent à mon goût au profit des quatre nouveaux venus - Glenda, Juliette, Trevor Probable et Monsieur Daingue. Toutefois, j'ai trouvé ces nouvelles têtes fort sympathiques, entre le jeune et débrouillard Trevor, la nunuche mais adorable Juliette, et le trop-poli-trop-gentil-trop-éduqué Monsieur Daingue, à la fois mystérieux et délicieusement décalé dans cet univers, comme un majordome anglais qui aurait atterri on ne sait trop comment dans le Bronx. Mention spéciale également à l'irrésistible Glenda, jeune femme forte à forte tête, cuisinière hors pair et amie surprotectrice de Juliette, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Une jolie brochette de personnages, dont j'ai beaucoup aimé suivre les relation et l'évolution, bien que l'absence des mages se soit parfois faite sentir.

Love Buds in the Night Kitchen, avec Daingue et Glenda (feat. Juliette et Trevor juste derrière)
[fanart par DoodlesandDaydreams]

Si je devais véritablement émettre un reproche, en fait, ce serait envers l'intrigue qui, je trouve, s'éparpille parfois un peu. L'histoire est déjà très diluée, et met donc un peu de temps à véritablement démarrer (encore que ce ne soit pas tout à fait un problème) mais surtout, énormément de choses sont brassées: la parodie du monde sportif, du monde de la mode pour Juliette, la quête d'identité de Daingue, les deux romances, entre autres, si bien qu'on perd parfois un peu de vue l'intrigue initiale. En fait, j'ai un peu l'impression que Pratchett a essayé de faire une sorte de "livre choral", et ce n'est pas si mal fait, mais voilà, dommage que ce soit du coup le sujet principal (le match organisé par l'Université) qui en pâtisse un peu. Heureusement que les autres thèmes sont plutôt bien gérés - je pense particulièrement à l'histoire autour de Daingue et aux deux romances (oui, oui, vous avez bien lu, moi, j'ai apprécié les romances) que j'ai trouvées crédibles dans leur évolution tout en étant pas trop envahissantes. 

Bilan des courses


Si j'ai trouvé ce tome légèrement en-dessous des autres, la faute notamment au trop grand nombre de thèmes abordés, il n'en est pas moins demeuré un régal à lire - comme d'habitude! - avec toujours cet humour caractéristique de l'auteur. Certains passages un peu plus graves répondent toutefois présents, mais ils sont plutôt bien gérés. Globalement, le tome est donc moins déjanté que les précédents, mais les mages sont là pour veiller au grain - et nous offrir une bonne tranche de poilade! - toujours aussi fidèles à eux-mêmes; et s'ils s'effacent un peu devant les quatre nouvelles têtes, j'ai trouvé celles-ci suffisamment sympathiques pour accepter de les suivre durant ces cinq-cents pages.


Note: contrairement à un certain Timbré par exemple, je recommanderais Allez les mages! davantage à ceux qui sont déjà familiers avec cet univers qu'aux néophytes qui voudraient découvrir la série.



____________________________________

lundi 2 mars 2015

Pause grimoire-bière: La dernière aventure des Fiers de Hache!

Le Donjon de Naheulbeuk, tome 4: Chaos sous la Montagne, de John Lang

C’est la guerre en terre de Fangh ! Et nos aventuriers font face aux armées démoniaques de Gzor, sans possibilité de se défiler. Pour la première fois de leur carrière, ils vont devoir participer à une véritable bataille épique… Mais les techniques de bourrin et les sorts lancés au petit bonheur ne suffiront peut-être pas à les sauver tous, cette fois. Et la compagnie au nom incertain pourrait même devoir recruter ; ce qui n’est pas du goût de tout le monde.  
Dans la confusion générale, les rescapés du donjon de Naheulbeuk vont se voir confier une mission de la plus haute importance. Une expédition qui passe par les mines des Nains, aussi profondes que le mépris des courtauds pour les gens de la surface… Entre la diplomatie et la baston, la frontière sera mince. Et le sort du monde pourrait bien se jouer sur une raillerie de trop !  
Comme si cela ne suffisait pas, un sorcier et son acolyte se lancent sur la piste des responsables de leur ruine. Avec la ferme intention d’assouvir leur vengeance, coûte que coûte. Car chacun pressent que tout ce chaos va s’achever par un désastre.
----- 
"Ce fut à ce moment que le Ranger cessa de le considérer comme un gros bourrin. Il se sentait un peu jaloux, mais aussi agréablement surpris. Le Barbare semblait soucieux. C'était quelque chose de nouveau!" 
     Infos complémentaires:
     Série: Le Donjon de Naheulbeuk (5 tomes, terminée)
     Origine: France
     Edition: Octobre (2014)
     380 pages


Toutes les bonnes choses ont une fin, comme dit le proverbe, et Le Donjon de Naheulbeuk n'échappe pas à la règle. Je m'y étais préparé psychologiquement depuis un bout de temps déjà; j'avais fait les choses très sérieusement (si, si!), en relisant Le Conseil de Suak, histoire de me remettre dans le bain avant d'entamer le chapitre final de l'histoire de nos aventuriers. Et donc, même si j'avais un peu d'appréhension, et que je ne voulais y croire qu'à moitié, j'étais dans les meilleures dispositions pour affronter la dernière aventure des Fiers de Hache.

Une petite carte de la région dans laquelle se déroule l'aventure.
Guerre oblige, les combats sont beaucoup plus présents que dans les tomes précédents - de quoi ravir le Nain et le Barbare! - et font de Chaos sous la Montagne un épisode très riche en action visuelle et tendue. Même si je ne suis pas généralement fan de la baston narrée, je dois avouer qu'ici, ça fonctionne, et j'ai vraiment été pris lorsque ça castagnait. Surtout que, étant donné qu'il s'agit du dernier tome - et au vu de la quatrième de couverture - on n'est jamais vraiment sûr que les personnages vont s'en sortir, ou au moins en un seul morceau. Non, John Lang parvient à instaurer une réelle tension lors de ces combats, tout en les rendant jouissifs, bien plus selon moi que ne parvenait à le faire Stan Nicholls dans La Compagnie de la Foudre, qui pourtant repose largement sur l'action.

Les Nains, un peuple plein de finesse.
Mais le thème de la guerre ne se fait pas seulement ressentir au niveau de l'action: le volume est également plus sombre. Même en Terre de Fangh, la guerre a des conséquences terribles, lesquelles seront d'ailleurs à l'origine de la nouvelle mission de la compagnie. Les différents membres gagnent d'ailleurs ici en profondeur, et leurs relations s'étoffent, poursuivant ce qui avait été légèrement entamé dans Le Conseil de Suak. Leurs disputes prennent parfois un tournant moins humoristique, bien qu'une réplique ou les blagues vaseuses du Nain rappellent le côté décalé de l'aventure. Car si le ton général se veut plus sérieux, le volume ne manque toutefois pas d'humour. A ce titre, le passage au milieu du peuple Nain dans les mines de Mir-Nodd, bien que parfois peu long, est juste mémorable! Tout le monde connaît l'avarice et les mauvaises manières du Nain, hé bien imaginez ça avec une bonne centaine de gars du même genre! Du Naheulbeuk pur jus!

De nouveaux personnages font également leur apparition. Parmi les principaux, Sonjaska, déjà entrevue dans Le Conseil de Suak, se joint au groupe, afin d'y apporter un peu de fraîcheur bienvenue, mais on peut également citer un nouvel ennemi au service de Gzor, ainsi qu'un vieux vampire désireux d'assouvir sa vengeance. On retrouve aussi bien sûr Zangdar et Reivax, bien décidés à en finir une bonne fois pour toutes avec les aventuriers. J'ai été un peu déçu de leur périple et de leur devenir, car ils m'ont donné l'impression d'être à peine survolés, alors que j'apprécie énormément ce duo. De même, il y avait moyen d'en faire beaucoup plus avec le vampire, surtout qu'il y a des chances pour qu'on le revoie dans de futures histoires en Terre de Fangh.

Que de chemin parcouru depuis les couloirs
 crasseux du donjon de Naheulbeuk!
En fait, globalement, le plus gros défaut du tome - en plus d'être la fin (ouiiiin!) - est un problème de narration et de rythme. Autant les 300 premières pages, qui se déroulent sur peut-être deux ou trois jours tout au plus, m'ont semblées parfois très - trop - diluées, autant les 80 dernières pages adoptent un rythme très soutenu, qui dénote vraiment avec le reste, et donne l'impression que les derniers chapitres sont expédiés, impression renforcée par le fait que certains passages soient véritablement survolés, y compris du côté de la compagnie. Pourtant, les derniers chapitres adoptent finalement un rythme assez proche de ce qui avait été fait dans les tomes précédents, et globalement je les ai appréciés pour cela, mais peut-être cela convient-il moins à une conclusion générale de la saga. Par ailleurs, j'ai un peu regretté que l'humour décalé de John Lang soit moins présent dans la narration.

Néanmoins, l'"épilogue" rattrappe le tir, et permet de terminer sur une note positive. D'une manière générale, j'aime beaucoup ces fins "ouvertes", où même si l'histoire s'achève, le devenir des personnages est laissé à l'imagination du spectateur, laissant la porte ouverte à de nouvelles aventures. Celle-ci ne déroge pas à la règle, aussi mon regret d'avoir terminé la série s'en est trouvé atténué, et c'est avec le sourire que j'ai quitté nos aventuriers désormais enfin reconnus.

Bilan des courses


Un tome riche en action, certes plus sombre que les précédents, mais qui conserve néanmoins une bonne dose d'humour. Pour la dernière aventure des Fiers de Hache, John Lang parvient ainsi, tout en restant dans la continuité du ton du Conseil de Suak, à renouer également avec les péripéties "à l'ancienne" de la compagnie. Conclusion oblige, les personnages et leurs relations évoluent, mais restent toujours fidèles à eux-mêmes. J'ai toutefois regretté un problème de rythme, et moins d'humour dans la narration, mais même si par conséquent, ce tome ne sera pas de mes préférés, il n'en demeure pas moins très bon et incontournable pour tout fan de la série.