"Michael Owen, un jeune homme dépressif et agoraphobe, a été chargé par la vieille Tabitha Winshaw d'écrire la chronique de cette illustre famille. Cette dynastie se taille en effet la part du lion dans tous les domaines de la vie publique de l'Angleterre des années quatre-vingt, profitant sans vergogne de ses attributions et de ses relations...Et si la tante Tabitha disait vrai? Si les tragédies familiales jamais élucidées étaient en fait des crimes maquillés? Par une nuit d'orage, alors que tous sont réunis au vieux manoir de Winshaw Towers, la vérité éclatera..."
Infos complémentaires:
Auteur: Jonathan Coe
Titre original: What a carve up! (1994)
Titre original: What a carve up! (1994)
Traduction par Jean Pavans
Edition: Folio (1995)
Nombre de pages: 680
Si lorsqu'on parle la haute société britannique, on a souvent en tête le gentleman très smart en complet-veston évoquant le mauvais temps du jour, un verre de scotch à la main (bien évidemment servi par un vieux Winston en queue-de-pie) alors que les allemands sont en train de bombarder Londres, on pense moins souvent au richissime crapuleux qui n'hésiterait pas à sacrifier femme et enfant pour assouvir son ambition, alors qu'il contrôle déjà la moitié du pays - l'autre partie étant détenue par son frère, dont il héritera de toute façon à la mort accidentelle de celui-ci, planifiée lors de son prochain départ en vacances aux Maldives.
C'est exactement ce genre de personnages que nous donne à rencontrer Jonathan Coe dans Testament à l'anglaise. Entre magouilles politiques, capitalisme sauvage, scandales diffamatoires et malversations des plus primaires, les membres de la famille Winshaw font montre des pires travers de l'être humain. S'ils m'ont parfois semblé un peu caricaturaux (je me souviendrai toujours de Mark qui, alors qu'on vient lui apprendre la mort de sa femme dans un accident de voiture le lendemain de leur mariage, s'informe avec inquiétude de l'état du véhicule) les différents portraits dépeints sont en revanche suffisamment hauts en couleur. J'avoue avoir adoré détester ces personnages odieux en tout points! Ce qui a grandement été aidé par l'humour omniprésent, une ironie mordante so british dont l'auteur fait preuve du début à la fin, et qui par moments fait paraître les différents portraits tous droits sortis d'un roman d'Agatha Christie!
C'est exactement ce genre de personnages que nous donne à rencontrer Jonathan Coe dans Testament à l'anglaise. Entre magouilles politiques, capitalisme sauvage, scandales diffamatoires et malversations des plus primaires, les membres de la famille Winshaw font montre des pires travers de l'être humain. S'ils m'ont parfois semblé un peu caricaturaux (je me souviendrai toujours de Mark qui, alors qu'on vient lui apprendre la mort de sa femme dans un accident de voiture le lendemain de leur mariage, s'informe avec inquiétude de l'état du véhicule) les différents portraits dépeints sont en revanche suffisamment hauts en couleur. J'avoue avoir adoré détester ces personnages odieux en tout points! Ce qui a grandement été aidé par l'humour omniprésent, une ironie mordante so british dont l'auteur fait preuve du début à la fin, et qui par moments fait paraître les différents portraits tous droits sortis d'un roman d'Agatha Christie!
L'auteur, Jonathan Coe. |
Certains s'étonneront de la longueur du bouquin: en effet, 680 pages, cela pourrait sembler long, mais le récurrent changement de narration, d'ambiance et de points de vue dynamisent la lecture - et au final, on se dit que les 680 pages n'étaient peut-être pas de trop. On alterne en effet entre chroniques consacrées chacune à un membre de la famille Winshaw - l'occasion d'exploiter différentes techniques de narration entre extraits de journal intime et faux articles de presse - et chapitres narrés par Michael Owen, plus personnels donc, concernant la période de rédaction du livre commandé par la tante Tabitha. L'occasion d'en découvrir plus sur notre "héros", mais aussi de commencer à rassembler les différents éléments collectés, à les lier peu à peu entre eux.
Ainsi, toutes les pièces du puzzle prennent place au cours des 500 "premières" pages, avant de s'assembler au cours de la dernière partie - celle que, avouons-le, l'on attendait tous. Le tout pour un final en feu d'artifice, façon règlement de comptes à la Dix petits nègres (d'ailleurs cité à la fin comme référence), et qui est, disons-le franchement, purement joussif!
Le fameux passage du film What a Carve Up! (1961) qui donne son titre au
roman en VO, est cité régulièrement par Michael, lequel en est devenu obsédé, et inspire largement la dernière partie du livre. |
Si j'avais quelque chose à reprocher au livre, je dirais peut-être le sentimentalisme trop présent à mon goûtdans les chapitres narrés par Owen, qui sans être non plus excessif, m'a paru déteindre un peu avec le ton abordé tout au cours du récit. Je n'y ai pas été totalement indifférent, loin de là - certains passages sont très forts émotionellement - mais bon, c'est loin d'être ce que je cherche dans ce type de romans. Néanmoins, ces passages sont une pause bienvenue, entre deux portraits de Winshaw sans scrupules, et renforcent le côté humain de Michael Owen, comparé à cette famille de crapules sans coeur et sans âme.
A noter aussi que la quatrième de couverture peut paraître trompeuse, en tout cas elle l'a été pour moi. Je m'attendais entre autres, bien que le résumé n'évoque jamais rien de tel, à une partie "enquête" plus poussée. Et surtout, à une véritable plongée dans l'histoire de la famille, ses secrets, ses non-dits, afin d'en tirer la solution des "tragédies familiales jamais élucidées", ces "crimes maquillés" qu'évoque la "bande-annonce" de couverture. Une sorte d'enquête à la Hercule Poirot, somme toute. Le résultat, s'il diffère de mes attentes, n'est toutefois pas déplaisant.
Le mot de la fin
Jonathan Coe nous livre ici une satire politique et sociale d'une ironie mordante. Des personnages délicieusement détestables, un final en apothéose, un humour so british omniprésent, mais aussi quelques moments forts en émotion, le tout pour une lecture que je ne suis pas prêt d'oublier. Un régal! (et de surcroît, un véritable coup de coeur!)
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Quelques citations mûrement choisies:
"Laissez-moi vous donner un avertissement sur ma famille, au cas où vous ne l'auriez pas encore deviné, dit-il enfin. C'est la pire bande de salauds, de rapaces, de voleurs, d'escrocs, de traîtres, de criminels, qui ait jamais rampé sur le sol terrestre. Et j'y inclus mes propres rejetons."
"Nous devons nous débarrasse de cette idée enfantine selon laquelle les gens peuvent être motivés par autre chose que l'argent. Si jamais je dois participer à ce spectacle, j'aurai besoin d'être sûr d'avoir des collaborateurs qui ont des raison pour faire de leur mieux."
"Poignardé dans le dos, hein? dit sèchement Hilary. C'est bien approprié. Est-ce que cela veut dire que Mrs Thatcher est quelque part dans la maison?"_______________________
J'aime bien cet auteur, mais je n'ai pas lu celui là ! :)
RépondreSupprimerVu que c'est le premier livre que j'ai lu de lui, je ne saurais le comparer aux autres, mais à mon avis, si te le lis, tu devrais beaucoup aimer! ;)
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