samedi 31 janvier 2015

Limonade-lecture: première escale dans l'univers de Barry Sanderson

L'Âme de l'Empereur, de Brandon Sanderson

La jeune Shai a été arrêtée alors qu’elle tentait de voler le Sceptre de Lune de l’Empereur. Mais au lieu de l'exécuter, ses geôliers concluent avec elle un marché : l’Empereur, resté inconscient après une tentative d’assassinat ratée, a besoin d’une nouvelle âme. Or, Shai est une jeune Forgeuse, elle possède la capacité magique de modifier le passé d’un objet, et donc d’altérer le présent. Grâce à ce talent, Shai doit forger le simulacre d’une âme. Une tâche ardue, sur laquelle repose le destin de l'Empire... et celui de Shai.
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"Chaque personne était pareille à un puzzle. C'était ainsi que Tao, son premier formateur en Falsification, lui avait expliqué les choses. Un Faussaire n'était pas un simple arnaqueur ou un escroc. C'était un artiste qui peignait à l'aide de la perception humaine."

     Infos complémentaires:
     Titre original: The Emperor's Soul (2012)
     Origine: Etats-Unis
     Traduction par Mélanie Fazi (2014)
     Edition: Le Livre de Poche (2014)
     200 pages



La bonne bouille de l'auteur.
Voilà encore une totale découverte, achetée sur un semi-coup de tête! En effet, je ne connaissais pas l'auteur, Brandon Sanderson, pas plus que je n'avais été m'informer sur le livre avant mon achat. La jolie(on ne se refait pas...) le résumé alléchant et le format assez court avaient suffi pour me convaincre. De temps en temps, c'est sympa de se lancer comme ça, dans l'inconnu...* De toute façon, je suis loin de le regretter, car "L'Âme de l'Empereur" fut une excellente découverte!

On suit Wan ShaiLu, ou Shai, une jeune femme Faussaire. Suite à son arrestation, elle se voit contrainte pour rester en vie de forger en moins de cent jours une nouvelle âme pour l'Empereur, une tâche apparemment impossible mais à laquelle elle ne peut se soustraire. Durant sa captivité, elle est assistée de Gaotona, un vieux dignitaire sur le déclin. Dans cette atmosphère de huis-clos, Shai doit alors s'atteler à la création de l'âme de l'Empereur.

Malgré le format assez court de son récit, Sanderson a su me captiver du début à la fin, et j'ai dévoré le roman en une bonne soirée! Pourtant, ce n'était pas gagné: le début nous plonge directement dans l'univers, sans préambule, et il faut attendre quelques chapitres avant d'avoir des explications sur les termes "techniques". Mais cela ne rend finalement les choses que plus passionnantes, une fois que l'on a les explications. D'autant que le style de Brandon Sanderson est vraiment très agréable à lire, très fluide, toute cette sorte de choses, et son univers, bien que j'eusse aimé avoir quelques développements dessus, paraît très intéressant et original.

Très belle couverture, les allemands.
Mais expliquez-moi le rapport avec l'histoire.

Un système de magie captivant


Il y développe en effet une magie plutôt inventive, la Falsification, qui consiste, à l'aide de tampons réalisés par un Faussaire, permet de modifier "l'âme d'un objet", en altérant son passé, et donc sa forme, sa structure actuelle. Afin de transformer, par exemple, une fenêtre brisée en un somptueux vitrail. Un véritable artisanat, plutôt complexe aussi bien à réaliser qu'à expliquer, et les 200 pages ne sont pas de trop pour le développer. J'ai en tout cas beaucoup apprécié ce système de magie, assez original et bien conçu. Barry Sanderson ne tombe en effet pas dans la facilité, et si Shai, sa jeune Faussaire, se révèle extrêmement douée, cette magie n'en possède pas moins des allures de science, avec ses nombreuses règles, sa logique, ainsi qu'un énorme travail de recherche et de compréhension à réaliser en amont de la création de tampons. Les nombreuses réflexions de Shai, ses doutes, ses interrogations quant à la nature de son travail, sont vraiment intéressantes et donnent par ailleurs beaucoup de crédibilité et de profondeur à cette magie, l'élevant bien au-delà du rang de simple arnaque. D'ailleurs, comme se plaît à le répéter Shai, elle est bien plus qu'une simple illusioniste; c'est une véritable  artiste. 

Un beau tissu humain


Pourtant, tous sont loin de partager ce point de vue, et Shai aura souvent des discussions animées avec le vieux Gaotona, chargé de l'"assister" dans son travail, en quelque sorte. En effet, bien que Gaotona soit un Eminent, l'un des dignitaires chargés de diriger l'Empire, Shai a un caractère bien trempé dont elle ne se défait pas malgré sa situation délicate, et elle n'hésite pas à lui répondre avec verve lorsqu'il la qualifie de blasphématrice, d'hérétique. Malgré ces quelques disputes, un réel lien se tisse entre les deux personnages, très touchant, et ils partagerons finalement beaucoup de choses durant les journées qu'ils passent ensemble. J'ai beaucoup aimé cette relation "grand-père/petite-fille", si je puis dire, d'autant que chacun des deux a son caractère qui s'oppose à celui de l'autre - différence de génération - mais ne les rend pas incompatibles pour autant.

Le joli tissu humain se complète par une autre relation un peu particulière: celle de Shai avec l'Empereur - ou plutôt, l'"idée" de l'Empereur. Le souverain n'est en effet jamais réellement présent au cours du récit, de ce fait Shai ne le rencontre pas vraiment, et pourtant, sa présence marque le roman par les recherches que mène la jeune Faussaire sur lui. Et derrière le portrait du monarque de l'Empire et les descriptions officielles, elle sera amenée à découvrir l'homme qu'il était réellement, avec l'aide de Gaotona, qui fut son confident le plus proche. Cela donne un côté très touchant à l'histoire bien sûr, mais aussi à Gaotona, qui bien plus que l'Empire cherche avant tout à retrouver son ami. J'ai été vraiment sensible à cet aspect, qui je crois, a fait du vieil Eminent mon personnage favori, juste devant Shai.

Bilan des courses


Un beau récit sans prétention sur la nature de l'âme humaine qui a su me captiver du début à la fin, grâce à un style entraînant et sans temps mort, des personnages attachants, et un  thème à la fois original et passionnant. Dans une ambiance intimiste, Brandon Sanderson parvient en effet, malgré ses quelques 200 pages, à développer tout un système de magie innovant, à le rendre crédible, ainsi qu'à créer des relations touchantes entre les personnages. Quel dommage toutefois de n'avoir pas davantage développé l'univers et les personnages secondaires! Cependant, je suis loin d'avoir vraiment trouvé ces défauts véritablement contraignants. Je suis d'ores et déjà fan de cet auteur, et nul doute que je m'attellerai prochainement à un autre de ses romans!

Une petite galerie des personnages du récit, par BotanicaXu.
Les lecteurs du livre, saurez-vous les reconnaître?
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(*) Un jour il faudra que je le fasse complètement à l'aveugle, sans même regarder le titre ni le résumé auparavant! Ça pourrait être un défi intéressant, tiens...
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dimanche 25 janvier 2015

C'est l'heure du conte nordique de Papi Tolkien! Yay!

La légende de Sigurd et Gudrún, de J.R.R. Tolkien
(édité, annoté et commenté par Christopher Tolkien)

La Légende de Sigurd et Gudrún nous donne accès à l'imaginaire nordique de J.R.R. Tolkien. Ces deux poèmes - "Lai des Völsung" et "Lai de Gudrún" - écrits au début des années 1930, racontent les légendes nordiques de l'Ancienne Edda, les combats de Sigurd, la mort du dragon Fáfnir, l'histoire tragique de Gudrún et des ses frères, tués par la malédiction de l'or d'Andvari.

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"Of old was an age 
when Odin walked 
by wide waters 
in the world's beginning..."


      Infos complémentaires:
     Titre original: The Legend of Sigurd and Gudrùn (2009)
     Origine: Royaume-Uni
     Traduction par Christine Laferrière (2010)
     Edition: Pocket - Fantasy (2013)
     370 pages



Attends, c'est quoi cette couverture allemande
qui déchire tout? Je veux la même!
Je n'apprécie guère le côté résolument fermé de Christopher Tolkien à toute adaptation de l'univers de son père - alors même que ce dernier avait dans les années 1960 donné son feu vert pour une adaptation au cinéma, un projet qui finalement n'a pas abouti. Néanmoins, je reconnais, et même j'admire, le remarquable travail qu'il effectue depuis quelques dizaines d'années pour dépoussiérer les vieux textes de son père, travail d'autant plus notable qu'il ne se contente pas seulement de les trier, mais aussi, et surtout de les annoter généreusement, les commenter, les "traduire" en quelque sorte. Une sorte d'hommage formidable du tout premier fan de la Terre du Milieu à son créateur - et surtout, son propre père. La légende de Sigurd et Gudrún ne déroge pas à la règle, et c'est accompagné du fils qu'une fois de plus, nous nous plongeons dans les écrits du père.

Avec un souffle épique digne des grands textes dont il s'inspire, à commencer par l'Ancienne Edda, Tolkien nous conte ainsi l'histoire du clan des Völsung et de leur destin tragique, de la malédiction de l'Or d'Andvari à la romance interdite entre Signý et son frère Sigmund, en passant par l'affrontement de Sigurd et du dragon Fafnir, sans oublier la trahison de la Valkyrie Brynhildr et le sacrifice de Gudrún, le tout avec moults combats et chevauchées dans la plaine et la forêt. C'est tout un pan de la mythologie nordique que l'on est amené à découvrir, et les références au Ragnarök, au Valhalla, aux neufs mondes et leurs habitants pullulent. Les dieux d'Asgard, ont d'ailleurs leur rôle à jouer dans l'histoire, et je ne compte plus les apparitions d'Odin sous son costume de vieillard. Avis donc aux amateurs de culture norroise!


Inspirées des gravures ornant l'ancienne église de Hylestad (Norvège), les rares et sobres mais 
sympathiques illustrations de Bill Sanderson renvoient aux origines médiévales de l'Edda.

Si cette fois, on quitte Arda pour notre bonne vieille Terre, le dépaysement n'est pas si total qu'on pourrait le croire. Le voyage a en effet des allures de retour aux sources, puisque c'est là qu'on se rend véritablement compte de la passion et de la connaissance qu'avait J.R.R. Tolkien des mythes nordiques et de la façon dont il les a ensuite réinterprétés, puis réutilisés pour son propre univers. Prenons l'exemple du dragon Fáfnir, gardien du trésor maudit: son traitement par Tolkien, la façon dont il s'adresse à Sigurd, ses paroles, son caractère méfiant et clairvoyant à la fois, qui d'un seul coup d'oeil parvient à lire l'esprit du héros; j'avais l'impression d'avoir là une véritable ébauche du dragon Smaug et de sa confrontation avec Bilbo. D'autres récits de la Terre du Milieu empruntent également énormément à ces légendes, tels que Les enfants de Hurín - le dragon Glaurung et Turín ressemblent énormément à Fáfnir et Sigurd - et en lisant cet ouvrage, on ne peut que le constater, encore une fois.

Pépé Odin jouant les Merlin avant l'heure, dans
le hall des Völsung. Un gribouillage d'Alan Lee.
Mais au delà de son aspect "fondateur", le texte est bien évidemment également intéressant pour lui-même. Dans ces deux lais - de longs poèmes à la métrique particulière - Tolkien exprime toute sa passion pour la poésie nordique mais surtout sa connaissance de la linguistique et sa maîtrise des mots. Les commentaires de Christopher Tolkien permettent bien de rendre compte de la masse de travail réalisé en amont par son père pour tenter de retranscrire les codes et la force de la poésie scandinave médiévale. Et effectivement, à leur lecture, bien que n'étant pas un spécialiste en la matière, j'ai pu constater moi-même l'incroyable richesse de ces lais. Les mots employés, les sonorités, on sent que tout a été mûrement réfléchi, et c'était un régal ,en tant qu'ancien théâtreux, de lire ces textes à voix haute, pour le simple plaisir de la langue. Quand bien même je ne comprenais pas toujours tout, étant donné mon niveau pas super-topissime (quoique néanmoins respectable) dans la langue des Monty Pythons. A ce propos, je salue le choix de la traductrice d'avoir mis face à face le texte en VO et sa traduction-adaptation qui a tenté de retranscrire l'esprit et la force du texte pour la langue française - bel exercice, d'ailleurs, les deux langues n'ayant finalement que peu de choses en commun sur ce plan. Certes, la traduction est en ce sens un peu libre, mais c'est justement chose permise par ce jeu de "textes en miroir". Et en plus, comme ça, on peut progresser en anglais.
Par le pouvoir de ses mots, Tolkien est ainsi parvenu une fois de plus à m'embarquer dans son univers. Certes, un univers qu'il ne fait "qu'emprunter" cette fois. Cette histoire, on en a tous plus ou moins entendu parler, parfois sans le savoir, souvent sous un autre nom. Vraiment, ça ne vous dit rien? Allez, allez... L'Anneau des Nibelung... Siegfried et le dragon, quand même... Ah! Vous voyez! Hé bien, la légende des Nibelung, ce n'est en fait "que" la version germanique de ce mythe scandinave qu'est la Völsunga Saga. Tolkien fait sien ce mythe en apportant sa propre vision de la légende des Völsung à travers le Lai des Völsungs et le Lai de Gudrún. Il rajoute des éléments, en supprime certains, en réinterprète d'autres, bref, c'est une histoire quelque peu différente de celle que je connaissais que j'ai été amené à découvrir - même si je restais en terrain connu.

J'ai personnellement beaucoup apprécié ces deux lais, je pense que vous l'aurez compris. Toutefois, si le premier, le Lai des Völsungs, qui retrace l'histoire du clan sur plusieurs générations, a tout de la grande épopée dont je pouvais rêver, avec ses multiples personnages, ses interventions divines, ses combats dantesques, je lui préfère le second texte, le Lai de Gudrún, lequel a un côté plus intime, et est plus touchant, aussi. On s'attarde sur cette pauvre Gudrún, qui récupère finalement les pots cassés de la trahison de Brynhildr, en se voyant privée par ses propres frères de celui qu'elle aimait. Elle doit même, tournant le dos à son chagrin et sa rancoeur, épouser en secondes noces le roi des Huns, un sacrifice politique qu'elle accomplit sans protester. Ses frères eux-mêmes connaissent finalement un destin funeste auquel elle se retrouve lié contre sa volonté, pour achever le tableau. Rien de bien folichon. Mais au-delà de l'aspect tragique du texte, ce que j'y ai apprécié, c'est le traitement des trois personnages principaux, à savoir Gudrún et ses deux frères, Gunnar et Hogni.
Le Codex Regius, un manuscrit islandais
du XIIIe, source de l'Edda poétique.
Gudrún est une femme trahie par ses proches, pourtant malgré sa douleur, elle n'hésite pas à se sacrifier pour le bien du clan. Mais, cela ne l'empêche pas par la suite de se battre aux côtés de ses frères, laissant de côté sa rancune pour l'amour fraternel, allant jusqu'à venger leur mort dans un acte suicidaire qu'elle commet de sang-froid, et qui est la véritable apogée de ce second texte. Une vraie héroïne tragique, qui n'a rien à envier à Phèdre ou Médée. Je me suis également attaché aux deux frères, qui bien qu'ayant ourdi le meurtre du mari de leur soeur, ont finalement été autant trompés qu'elle l'a été et tentent de se racheter auprès d'elle, malgré sa répugnance à les voir au début. C'est je crois cet amour fraternel entre les trois protagonistes, malgré leurs malentendus et leur destin tragique, qui m'a le plus touché, et le plus intéressé finalement dans ces deux lais.

Par ailleurs, les commentaires de Christopher Tolkien permettent d'approfondir de nombreuses choses et replacent les deux récits dans leurs contextes - celui de la carrière de son père, et celui de la poésie nordique. Il nous livre ainsi de nombreuses informations sur l'Edda, son histoire, la métrique et la linguistique dans la poésie scandinave médiévale, et inclut même quelques documents de son père. La "Légende" en elle-même occupe en fait un peu moins de la moitié du bouquin, et le nom de Christopher Tolkien devrait même figurer sur la couverture, aux côtés du sous-titre "annoté et commenté". Quoiqu'il en soit, si j'ai parfois eu un peu de mal à voir où le fiston voulait en venir, à cause de la formulation - et parfois la "lourdeur" - de certaines phrases, ses "rajouts" n'en demeurent pas moins très intéressants, et de ce fait, je pense que le livre dans son intégralité peut constituer une sorte d'"introduction à l'Edda" conséquente, pour qui voudrait se plonger dedans.

Le mot de la fin


Les amateurs de l'oeuvre de Tolkien ne peuvent résolument passer à côté de La légende de Sigurd et Gudrún, et j'irai jusqu'à dire que les lecteurs en manque d'aventures scandinaves épiques avec de l'hydromel, des muscles velus, des dieux, des dragons et des traîtres se doivent d'en faire de même. Tolkien maîtrise à merveille la métrique de ses poèmes, et c'est un véritable plaisir à lire à voix haute, pour apprécier la musique de la langue. Grâce au pouvoir des mots, il est ainsi une fois de plus parvenu à me transporter dans une histoire haute en couleurs, parfois touchante, souvent épique, mais qui m'a marqué. Les commentaires et annotations de Christopher Tolkien permettent en outre d'aller plus loin et offrent de nombreuses informations non négligeables sur le travail préparatoire de son père, l'Edda, la poésie norroise, entre autres choses. Un très chouette ouvrage, donc, avec en prime une belle couverture (même si celle de nos sympathiques voisins mangeurs de choucroute poutre tout), une jolie traduction des lais, et de sobres mais sympathiques illustrations.


Si vous appréciez la lecture avec une bonne bande sonore dans les oreilles, je peux vous proposer, histoire de rester 
dans l'ambiance, l'excellent album Runaljod-Gap Var Ginnunga du groupe norvégien Wardruna.


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Et c'est également sans surpirse que j'inclus cette chronique au Challenge Vikings du Vampire Aigri!

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mercredi 7 janvier 2015

Ah, les couillons...

Ou c'est pas parce qu'on est un ermite auto-proclamé qu'on peut pas savoir des fois ce qu'il se passe au pays. (oui, parce que même moi je vous emmerde avec ça.)


Vous savez peut-être de quoi je vais (brièvement) vous parler. Sans doute que vous en avez déjà lu des tonnes là-dessus, des tas de trucs plus sincères, plus émouvants, plus informatifs, même, que tout ce que je pourrai jamais faire. Des trucs bien mieux, quoi. Donc mon petit mien sera perdu au milieu de cette marée de machins, mais c'est pas grave.
Pour les quelques-uns qui ignoreraient encore de quoi il s'agit, je parle bien sûr de la sortie du tome 73 de One Piece de l'attaque sur Charlie Hebdo qui a eu lieu ce matin du 7 janvier 2015. Je vous laisse vous informer par vous-même  du bizdouf si vous ne l'êtes pas déjà. Je ne cherche pas à vous apprendre quoi que ce soit. Moi, je me contente de faire mon boulot, c'est-à-dire râler - et vous infliger ça, en plus.

C'est bien entendu, non seulement une tuerie de sang-froid préméditée, un acte monstrueux déjà en lui-même qui a fait une vingtaine de victimes (morts et blessés) et aura marqué à jamais leurs proches, mais aussi les autres. Mais c'est surtout une attaque contre la liberté d'expression, contre la liberté en général. Un acte égoïste, absurde, et surtout très stupide, puisque non seulement il aura semé le malheur, mais loin d'apporter quoi que ce soit aux couillons qui l'ont commis, sauf peut-être des journées au frais derrière des barreaux et des tête-à-tête avec des flics en rogne, il a au contraire, loin de les terrifier, suscité la haine et uni leurs "opposants" par solidarité, par citoyenneté, par tout ce que vous voulez. Bravo. Beau travail, vraiment. Ah, les couillons! Ah, les couillons! Si c'était pas aussi dramatique, je les applaudirais volontiers de manière ironique. 

Pour une fois, je vais me joindre aux autres, pour qu'on pousse une gueulante tous ensemble. Non, j'aime pas trop mes confrères les humains, mais j'ai quand même une certaine forme de respect pour eux, ne serait-ce que parce qu'on est de la même espèce, et que parfois quand même, on fait des trucs bien. Et là, même si bien sûr ça ne changera pas les choses, je trouve que cette élan général, cette contestation de masse, c'était quelque chose de bien. Evidemment, c'est dommage que ce soit suite à une tuerie, mais par solidarité, des gens se sont unis. Parce que loin d'avoir semé les germes de la peur, ces couillons de terroristes ont au contraire attisé leur envie d'en découdre. Ils ont réveillé un sentiment d'union, de solidarité, voire de citoyenneté chez un peuple qui en avait cruellement besoin, plus que jamais ils l'ont relancé dans le combat pour la liberté d'expression, et même la liberté en général. C'était pas malin, les gars. Vous étiez peut-être entraîné, mais là, vous vous êtes fait un ennemi de taille. 

Je suis peut-être d'un naturel patient et pas (trop) rancunier, mais là, je dis chapeau, les connards. Vous l'avez bien cherché.


Cet article insipide, sans images et écrit à la va-vite vous a été présenté par le même gars que d'habitude. J'encourage tout le monde à continuer cet élan de solidarité, c'est bien les gens. Je le pense sincèrement.

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