mardi 15 septembre 2015

Plongée dans l'univers de la saga nordique!

[Pause-lecture] Saga de Gísli Súrsson, auteur anonyme


Gísli est un Viking hors du commun; habité de généreux idéaux, fils respectueux, frère fidèle et mari aimant, il se trouve bien malgré lui dans une situation compliquée. Victime d'un destin impitoyable, il doit choisir entre venger son frère ou perdre son honneur.

Vengeance, jalousie, trahison, tous les ingrédients sont rassemblés pour nous offrir une histoire de vaillance, d'amour et de mort dans le monde rude des fiers guerriers vikings.

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Infos complémentaires:
Titre original: Gísla saga Súrssonar (XIIe siècle)
Origine: Islande
Traduit et Annoté par Régis Boyer (1987)
Edition: Gallimard - Collection folio (2004)
130 pages




Si la culture scandinave m'attire depuis longtemps, surtout pour l'aspect mythologique et artistique, ce n'est que depuis peu que j'ai commencé à m'intéresser aux textes norrois, notamment grâce aux Tolkien père et fils, pour La Légende de Sigurd et Gudrún (rédigée par le premier et commentée par le second) [vous pouvez retrouver la chronique de bibi en cliquant ici] 
Première entrée en matière dans les sagas nordiques, la Saga de Gísli Súrsson était donc une étape importante pour moi. Alors, fut-ce une bonne expérience? Hé bien, si au cours de ma lecture, mes impressions étaient un peu mitigées, avec le recul je peux affirmer que oui, l'expérience fut satisfaisante, et même enrichissante. 


Un film islandais, sorti en 1981, relate la tragique histoire de
 Gísli Súrsson, avec Arnar Jónsson dans le rôle principal.

Le premier point qui m'a marqué, c'est la narration. C'est vraiment un coup à prendre: le style est plutôt rude, direct et concis, les changements de temps ne sont pas rares et les ellipses, fréquentes. Sans longue pause descriptive, avec des éléments s'enchaînant à vitesse grand V, il m'est assez souvent arrivé de perdre le fil, et certains événements, ou des éléments dans l'attitude des personnages, Gísli en tête, m'ont échappé. Plutôt compliqué de suivre le récit dans ces conditions. Le grand nombre de personnages m'a également par moments dérangé, car par manque de descriptions et d'arbre généalogique, j'ai eu tôt fait de me mélanger les pinceaux, sans toujours me rappeler qui était qui. 
Ce type de narration est à mon avis bien plus adapté à l'oral pour être bien immersif, avec un narrateur capable de captiver l'auditoire par sa voix et sa gestuelle, et surtout auquel il est possible de revenir plus facilement sur certains détails, comme les relations liant les personnages par exemple.

Mais alors, me demanderez-vous, curieux que vous êtes, puisque tu parais si négatif, pourquoi dis-tu avoir trouvé l'expérience si satisfaisante?

Hé bien, bande de petits malins, c'est très simple, et l'on peut résumer tout cela en un mot (bon, deux si vous préférez) : l'aspect culturel. Tout d'abord, celui de l'œuvre en elle-même, qui possède un intérêt littéraire indéniable - le fait de pouvoir découvrir ce genre atypique et un peu oublié de nos jours qu'est la saga, un genre qui est le reflet de toute une époque et une civilisation, je trouve que c'est juste merveilleux - mais surtout, celui du récit, du cadre dans lequel il prend place. On est plongés en plein cœur de la culture norroise, et si l'on est souvet perdu devant la quantité de termes et principes obscurs, les abondants et toujours très intéressantes notes de Régis Boyer permettent d'éclaircir ces nombreux points. (petit regret à ce propos: les notes en fin de volume, et non en bas de page, qui obligent à faire un aller-retour constant un peu handicapant pour la fluidité de la lecture)
Loin des grandes expéditions de l'histoire d'Eirikr "le Rouge" Thorvaldson ou des raids guerriers sur les côtes d'Europe, loin des clichés Hollywoodiens,  c'est la vie quotidienne scandinave qu'on découvre, les us et coutumes de cette époque, ses lois, l'organisation finalement bien plus complexe qu'on se l'imagine de cette société. Mais c'est aussi tout un état d'esprit particulier qui est retranscrit à travers l'histoire humaine de Gísli, avec ses sombres histoires de famille à n'en plus finir, une quête constante du respect du sens de l'honneur (pour notre héros, du moins, pour les autres, on repassera...), des exploits guerriers, des histoires de vengeances, de politique, des affrontements où les mots ont autant de poids que l'épée... Bref, pas toujours évident à saisir à cause du décalage temporel et spatial, mais purée, qu'est-ce c'était intéressant, cette immersion dans l'univers viking!

Une troupe de Vikings se dirigeant vers le Thing, l'Assemblée viking.


Le mot de la fin


Si j'ai parfois eu du mal à suivre le récit, notamment à cause de la déroutante narration, la Saga de Gísli Súrsson fut néanmoins pour moi une bonne entrée en matière dans le genre de la saga. Et plus important encore, quelle belle plongée dans l'univers viking! Etant donné toutefois que beaucoup de choses m'ont échappé, je pense qu'une petite relecture ne me ferait pas de mal!


Il va de soi que je fais participer cette chronique au Challenge Viking! Par ailleurs, le récit datant de la fin du XIIe et relatant de surcroît des faits se déroulant au Xe, je la fais également participer au Challenge Moyen-Âge!



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jeudi 3 septembre 2015

La revanche littéraire de la Brigade SOS!

[Pause lecture] Haruhi Suzumiya, tome 1: La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, de Nagaru Tanigawa



Ça ne surprendra pas grand-monde: comme beaucoup de gens, j'ai découvert l'univers de Haruhi Suzumiya par le biais de l'excellent anime de Kyoani. Une fois visionnés les 28 épisodes, le film, et les spin-off humoristiques, et attendant une suite qui ne venait pas, j'ai eu un sentiment de manque, l'impression que ce monde, ses possibilités, cette histoire n'avaient pas encore été exploités complètement, qu'il restait des pistes à explorer - et pour cause, puisqu'à peine la moitié du support original a été adaptée! Etant résolument attaché à cet univers, j'ai donc pris la décision de retourner à la source originelle: la série de light novels.
Je ne reviendrai pas sur la polémique autour de l'édition française et de la communication qui a été faite par Hachette; si ça vous intéresse, sachez que d'autres plus informés l'auront fait mieux que moi. Toujours est-il que le fait que seul l'un des tomes ait été traduit et distribué en France m'avait longtemps rebuté, mais en constatant récemment que mon niveau en anglais n'était finalement pas si mauvais qu'on voulait me le faire croire, j'ai fini par me dire que je pouvais tout à fait inaugurer la série dans la langue de Molière, avant de la poursuivre dans celle des Monty Pythons! Et donc enfin, après plusieurs années d'attente: La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, de Nagaru Tanigawa.


La couverture japonaise du roman. Devinez un peu
qui est la miss à l'air fier d'elle qui apparaît dessus?
Pour les non-connaisseurs, ce premier tome nous introduit le personnage de Kyon, un jeune et fringant lycéen un peu grincheux sur les bords (vous comprendrez donc aisément que je n'ai jamais eu aucune difficulté à le trouver sympathique) qui sera notre narrateur. Des circonstances qu'il préfèrerait oublier l'amènent à se rapprocher de Haruhi Suzumiya, la "fille bizarre" de la classe - et même du lycée tout entier à vrai dire - laquelle, rejettant toute forme d'intérêts pour les humains "normaux", traque les voyageurs temporels, enquête sur les pouvoirs paranormaux, et passe ses temps de pause à tenter de communiquer avec les extra-terrestres. Bref, une fille pas banale, et qui de surcroît, s'ennuie. 
S'ennuie même tellement, qu'après avoir écumé sans succès tous les clubs du lycée, elle finit par embarquer Kyon pour qu'ils créent leur propre club: la Brigade SOS. Le programme d'Haruhi est simple: partir à la recherche d'extra-terrestres, d'espers ou de voyageurs du futur, ou de tout phénomène surnaturel. Rapidement, se joignent à eux - de gré ou de force - trois étudiants: Yuki Nagato, Mikuru Asahina et Itsuki Koizumi. La petite équipe ainsi montée peut rapidement, sous la direction d'Haruhi, partir à la recherche des mystères de ce monde... mais il se pourrait bien que le but de sa quête se trouve finalement plus proche d'elle que la jeune fille ne le pense... et surtout, il est fort possible qu'elle soit plus importante encore qu'elle ne l'imagine. Autant dire que cette nouvelle vie n'est pas de tout repos pour Kyon, puisqu'il se verra le premier confronté à tous ces étranges événements!

La première chose qui m'a surpris avec ce roman, c'a été de constater à quel point son adaptation animée lui était fidèle. Le début de l'histoire garde le même esprit, le même rythme et la même narration, et il n'y a pas d'ajout ou de réelle différence dans son déroulement d'un support à l'autre. Avant de poursuivre, il faut bien que je vous le dise: le premier arc de l'anime, dans lequel Haruhi assistée de Kyon crée la brigade, puis recrute tous les membres, avant que l'on apprenne finalement un par un qui ils sont réellement, est loin d'être ma partie préférée. Manque de bol, tout ça, c'est dans le premier roman. Et je vous avouerai que je craignais du coup un peu de m'ennuyer pendant la suite de ma lecture, d'autant que sans apport supplémentaire, je pensais qu'un maudit sentiment de déjà-vu finirait rapidement par m'assaillir.

Qu'est-ce que je me suis gouré, les cocos!

J'en suis moi-même le premier surpris, j'ai a-do-ré lire La Mélancolie de Haruhi Suzumiya. Tanigawa a réussi à me faire aimer ce début d'aventure que je pensais ennuyeux. Et le pire, c'est que je ne sais même pas vraiment pourquoi, puisqu'il s'y passe exactement la même chose que dans l'anime! Sans doute que l'écriture de Tanigawa, couplée à une excellente traduction française, ne doit pas y être pour rien: la lecture est très fluide et facile, et la narration à la première personne par Kyon, toujours bourrée de sarcasme, de second degré et de réflexions plus ou moins psychologiques et philosophiques, donne son ton particulier et inoubliable au récit. Par ailleurs les événements s'enchaînent de façon rythmée, sans aucune longueur, ce qui les rend vraiment agréable à suivre. J'ai donc au final eu beaucoup de plaisir à re-découvrir les débuts de la Brigade SOS sous un oeil nouveau, et si je n'aurais pas regretté la présence de quelques éléments supplémentaires par rapport à l'anime à me mettre sous la dent, je pense que ceux-ci ne se seraient au final pas avérés nécessaires. D'autant plus que je me régalerai avec la suite, que je compte bien acquérir en anglais sous peu, afin de savoir quelles nouvelles péripéties attendent notre jolie brochette de héros! 


La Brigade SOS au complet! Les illustrations sont malheureusement absentes de l'édition française...

Le mot de la fin


Je ne dirai qu'une chose: si une histoire originale, plus profonde et complexe qu'elle n'en a l'air mêlant comédie lycéenne japonaise, science-fiction, humour, paranormal et réflexions philosophiques, narrée avec sarcasme et second degré, le tout écrit de manière fluide et rapide à lire, ou avec une réalisation irréprochable, et que les langues étrangères nécessaires pour connaître la suite ne vous font pas peur, n'hésitez pas! Foncez lire ou regarder La Mélancolie de Haruhi Suzumiya. Ou mieux: faites les deux! ;)


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dimanche 19 juillet 2015

[Post-it] Entracte

Les périodes estivales étant là, je me vois malheureusement forcé d'abandonner la caverne pour un petit bout de temps - un mois environ. Au programme, pas de bronzette (il ne manquerait plus que ça!) mais randonnée en montagne, visite chez nos voisins italiens, séjour dans la Drôme, et surtout, suuuurtout! semaine à l'incontourable festival d'Avignon! Promis, si vous êtes sages, je vous ferai un compte-rendu!

Alors du coup, ça signifie pas de livrée de contenu pendant une certaine période, mais ne vous inquiétez pas: dès mon retour, je vous abreveurai d'articles en tous genres!


Sur ce, je vous souhaite de bonnes vacances, et je vous dis à dans un mois!



jeudi 16 juillet 2015

[Pause lecture] De l'amour exacerbé des livres.

Comme un roman, de Daniel Pennac



LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR: 
1. Le droit de ne pas lire. 
2. Le droit de sauter des pages. 
3. Le droit de ne pas finir un livre. 
4. Le droit de relire. 
5. Le droit de lire n'importe quoi. 
6.Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible). 
7. Le droit de lire n'importe où 
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire. 


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" On est prié (je vous supplie) de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique. "



Infos complémentaires:
Origine: France
Année: 1992
Edition: Folio (1995)
200 pages


Les livres de Daniel Pennac ont ceci de particulier chez moi que je ne prévois jamais de les lire. C'est en général un peu par hasard que je tombe dessus à chaque fois: j'ai en effet l'habitude de temps en temps de parcourir la bibliothèque familiale, chez mes parents, de prendre un livre que je juge intrigant, de lire la quatrième de couverture, et si celle-ci me botte, je me lis un petit extrait non choisi avant de simplement remettre l'ouvrage à sa place. Mais parfois, il arrive que ce rituel soit déterminant dans le choix de ma prochaine lecture, et je ré-attaque donc le bouquin, depuis le début et en entier, cette fois. C'est donc de cette manière que, comme la plupart des autres livres de l'auteur, j'ai goûté à Comme un roman.
En l'absence de toute information - la quatrième de couverture restant assez floue - je ne savais donc pas vraiment à quoi m'attendre, mais le hasard faisant bien les choses, je venais sans le savoir d'appliquer les droits imprescriptibles numéros 5 et 8 du lecteur (droit de lire n'importe quoi, droit de grappiller).

L'ouvrage se présente ainsi comme un essai, dans lequel Daniel Pennac, avec sa verve et son humour habituels, revient sur les raisons qui nous poussent à lire et faire lire, et ce faisant interroge notre attitude de lecteur. Prenant comme point de départ cette idée reçue selon laquelle les jeunes ne liraient plus/n'aimeraient plus lire, il décortique les raisons amenant à ce constat faussé. Car si, les "jeunes" aiment lire, c'est juste qu'ils ne le savent pas. La première idée que j'ai retenue ici, c'est qu'au fond, il ne faut forcer personne à lire, il faut proposer, et cela de manière gratuite, sans contepartie aucune. D'où l'argument de l'auteur comme quoi l'école, loin d'encourager la lecture, ne fait au contraire que la dévaloriser, puisque le but n'y est pas là-bas de lire pour le simple plaisir de lire, de découvrir, de vivre une histoire, mais décortiquer un texte, l'analyser, rédiger des commentaires. 
Les fameux droits du lecteur, illustrés par
le non moins fameux Quentin Blake
Afin de rétablir l'amour de la lecture, tout en cherchant à lui faire quitter son piédestal d'"activité sacrée", Pennac invite donc chacun à changer son propre rapport à la lecture, et à celle des autres, et propose même une nouvelle manière d'enseigner. Pas de règles énoncés, cependant, car il y a en effet autant de manière de lire qu'il y a de lectures, et chacun est libre de faire comme bon lui semble. Seulement des droits, donc, les "droits du lecteur", à commencer par celui... de ne pas lire. Et ce simple droit résume peut-être parfaitement toute la pensée construite dans cet essai: le plaisir de lire est d'autant plus grand qu'il est choisi. Et cela, beaucoup devraient chercher à le comprendre. 

Difficile de véritablement formuler un avis sur cet essai, en fait, mais je vais tout de même essayer. J'ai beaucoup apprécié de retrouver le style inimitable de Daniel Pennac, et son ton léger et bon enfant, toujours plein d'humour. On sent qu'il prend plaisir à discuter d'un sujet qu'il aime, et ça, c'est un plaisir qui se ressent du coup aussi lors de la lecture. J'ai en tout cas trouvé la réflexion qu'il propose très juste - même si j'ai par moments eu la désagréable impression qu'il avait tendance à placer les grands "classiques" sur un piédestal, ce qui allait un peu à l'encontre du "droit numéro 5" - et il m'a été facile dans certaines situations évoquées de me remémorer certaines attitudes de personnes que j'ai pu rencontrer, voire certaines idées qui ont pu me traverser plusieurs fois en tant que lecteur.  Je ne pense toutefois pas que cela modifiera drastiquement ma manière d'appréhender les choses (excepté certains points, j'avais déjà un avis assez proche du sien, en fait) mais je tâcherai de me souvenir de cet essai si jamais j'adopte moi-même un jour un de ces comportements "condamnables" qu'il décrit!
C'est en tout cas un bel hommage à la lecture que je vous encourage tous à lire, sans exception. (en plus ce n'est pas bien long, alors même si ça ne vous botte pas des masses, ça ne vous occupera pas longtemps...) Conseil de lecteur!

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vendredi 26 juin 2015

Pause littéraire: L'équipe de foule-ta-balle Universitaire Invisible entre en scène!

Les Annales du Disque-Monde, tome 33: Allez les mages!, de Terry Pratchett



Menace sur le paisible et douillet quotidien des mages : si l'Université de l'Invisible ne renoue pas avec la tradition du fouteballe, d'intolérables restrictions sont à prévoir dans leur train de vie.
Il reste à former un staff et une équipe compétitifs. Par bonheur, l'université dispose, parmi le petit personnel, d'individualités remarquables. Citons Trevor Probable — inouï ce qu'on obtient d'une boîte de conserve —, Glenda, la reine des tourtes, Juliette, ravissante nunuche promise à un bel avenir dans l'univers de la mode, et le mystérieux monsieur Daingue. Qui est Monsieur Daingue ? Le sait-il lui-même ? Toujours est-il qu'on le surveille en haut lieu.
Tandis que le match fatidique approche, quatre vies s’entremêlent et quatre destins basculent. Car ce qu’il faut savoir du fouteballe – ce qu’il faut savoir d’important sur le fouteballe –, c’est qu’il dépasse le cadre du fouteballe.





" Techniquement, la cité d’Ankh-Morpork est une tyrannie, ce qui n’est pas forcément l’équivalent d’une monarchie, et, pour tout dire, le seigneur Vétérini a même largement redéfini la fonction de tyran dont il est le titulaire comme étant la seule forme de démocratie qui marche. Tout le monde a le droit de voter, sauf ceux qui sont disqualifiés pour des raisons d’âge ou parce qu’ils ne sont pas le seigneur Vétérini. "
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" Manger, c'était leur tasse de thé, et si possible, leur tranche de cake. "


     Infos complémentaires:
     Titre original: Unseen Academicals (2009)
     Série: Les Annales du Disque-Monde (Discworld)
     Origine: Grande-Bretagne
     Traduction par Patrick Couton
     Edition: L'Atalante (2010)
     520 pages


Aussi étonnant que ça puisse paraître, non, je n'aime pas le monde du sport, et du foot encore moins. Enfin, sauf lorsque celui-ci sert de prétexte à la parodie et l'humour en tout genre! Et après Conan le Barbare, Hamlet, Le fantôme de l'opéra, la poste et même Hollywood, il était enfin temps pour Pratchett de s'y attaquer! Je ne pouvais donc me permettre de faire une croix dessus, d'autant plus que le tome promettait de mettre largement en avant le petit groupe des mages de l'Université de l'Invisible, ma troupe de bras cassés préférés de l'univers du Disque-Monde.

Vous savez ce qui est rigolo? C'est qu'ils ont même été jusqu'à
créer des "cartes de foot" à l'image des personnages joueurs!
Comme d'habitude, les interactions entre les personnages sont très réussies et font tout le sel de cet épisode. Comique de situation et de caractère, jeux de mots, absurde, Terry Pratchett nous gratifie une fois encore de son humour très anglais qu'il maîtrise à merveille, et, une fois encore, c'est un véritable régal. Félicitations également encore une fois à Patrick Couton, qui accomplit vraiment un travail d'adaptation (je n'oserais même plus parler de "simple" traduction à ce stade!) formidable sur la série depuis maintenant plus de vingt ans - hé oui!
En réaction à certaines chroniques que j'ai pu lire ailleurs, non, je n'ai pas forcément trouvé ce volume moins drôle que les précédents, mais il est vrai que les passages sur un ton plus grave sont davantage présents que dans les tomes précédents, notamment ce qui tourne autour de la quête d'identité de Daingue et de l'"héritage" de Probable. Disons donc simplement que le ton général est certes moins déjanté, mais toujours joyeusement et suffisamment décalé pour m'avoir fait sourire - voire rire - plus d'une fois!

Si les mages restent fidèles à eux-mêmes - comprenez par là que la menace de voir le nombre de repas dans la journée réduit à trois demeure leur principale motivation tout au long du récit - j'ai en revanche un peu regretté qu'ils ne soient pas sur le devant de la scène. Oh, ils ont un rôle suffisamment important, ce n'est pas le problème, mais ils s'effacent malheuresement un peu trop souvent à mon goût au profit des quatre nouveaux venus - Glenda, Juliette, Trevor Probable et Monsieur Daingue. Toutefois, j'ai trouvé ces nouvelles têtes fort sympathiques, entre le jeune et débrouillard Trevor, la nunuche mais adorable Juliette, et le trop-poli-trop-gentil-trop-éduqué Monsieur Daingue, à la fois mystérieux et délicieusement décalé dans cet univers, comme un majordome anglais qui aurait atterri on ne sait trop comment dans le Bronx. Mention spéciale également à l'irrésistible Glenda, jeune femme forte à forte tête, cuisinière hors pair et amie surprotectrice de Juliette, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Une jolie brochette de personnages, dont j'ai beaucoup aimé suivre les relation et l'évolution, bien que l'absence des mages se soit parfois faite sentir.

Love Buds in the Night Kitchen, avec Daingue et Glenda (feat. Juliette et Trevor juste derrière)
[fanart par DoodlesandDaydreams]

Si je devais véritablement émettre un reproche, en fait, ce serait envers l'intrigue qui, je trouve, s'éparpille parfois un peu. L'histoire est déjà très diluée, et met donc un peu de temps à véritablement démarrer (encore que ce ne soit pas tout à fait un problème) mais surtout, énormément de choses sont brassées: la parodie du monde sportif, du monde de la mode pour Juliette, la quête d'identité de Daingue, les deux romances, entre autres, si bien qu'on perd parfois un peu de vue l'intrigue initiale. En fait, j'ai un peu l'impression que Pratchett a essayé de faire une sorte de "livre choral", et ce n'est pas si mal fait, mais voilà, dommage que ce soit du coup le sujet principal (le match organisé par l'Université) qui en pâtisse un peu. Heureusement que les autres thèmes sont plutôt bien gérés - je pense particulièrement à l'histoire autour de Daingue et aux deux romances (oui, oui, vous avez bien lu, moi, j'ai apprécié les romances) que j'ai trouvées crédibles dans leur évolution tout en étant pas trop envahissantes. 

Bilan des courses


Si j'ai trouvé ce tome légèrement en-dessous des autres, la faute notamment au trop grand nombre de thèmes abordés, il n'en est pas moins demeuré un régal à lire - comme d'habitude! - avec toujours cet humour caractéristique de l'auteur. Certains passages un peu plus graves répondent toutefois présents, mais ils sont plutôt bien gérés. Globalement, le tome est donc moins déjanté que les précédents, mais les mages sont là pour veiller au grain - et nous offrir une bonne tranche de poilade! - toujours aussi fidèles à eux-mêmes; et s'ils s'effacent un peu devant les quatre nouvelles têtes, j'ai trouvé celles-ci suffisamment sympathiques pour accepter de les suivre durant ces cinq-cents pages.


Note: contrairement à un certain Timbré par exemple, je recommanderais Allez les mages! davantage à ceux qui sont déjà familiers avec cet univers qu'aux néophytes qui voudraient découvrir la série.



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dimanche 21 juin 2015

[Japanimation] Ayakashi - Japanese Horror Classic


Série d'animation réalisée par Tetsuo Imazawa, Hidehiko Kadota et Kenji Nakamura
Titre original: Ayakashi
( 怪 〜ayakashi〜 )
Origine: Japon
Studio Toei Animation
Année de production: 2006
11 épisodes de 25 minutes


Allez savoir pourquoi, si certaines oeuvres ont un titre bien défini en version originale, personne n'arrive à se décider sitôt qu'il s'agit de les nommer en dehors de leurs frontières. Un peu l'image du deuxième film Saint Seiya ( l'exemple le plus probant que j'ai pu trouver) qu'en français on appelle, au choix, L'ardent combat des Dieux, La Bataille des Dieux, La Guerre des Dieux, ou parfois plus simplement Asgard le film, et j'en passe et des meilleures. Notez tout de même qu'à chaque fois (excepté pour la dernière proposition) la même notion est conservée, celle d'une marave divine, car il s'agit tout simplement de divergences de traductions. Ce qui n'est pas le cas de l'oeuvre qui nous intéresse aujourd'hui, où là, pour le coup, chacune des propositions met en avant une idée différente. 

L'art de la digression


Le titre japonais était pourtant à la base simplement "Ayakashi", mais par volonté sans doute pour les petits occidentaux incultes que nous sommes de le distinguer d'autres oeuvres du même nom (ou parce qu'ils considèrent qu'on est trop c*ns pour se contenter d'un mot japonais auquel on ne pige rien) le titre de la série a été en versions anglaise et française rallongé étrangement. Ainsi, nous avons l'embarras du choix: Ayakashi - Japanese Classic Horror, Ayakashi - Samurai Horror Tales, Ayakashi: Le théâtre de l'horreur, Ayakashi - Le Petit théâtre de l'Horreur (oui, même pour une différence aussi minime, pas moyen de se mettre d'accord)... c'est la foire au marché du titre! Et si à première vue, tous peuvent paraître semblables, ils véhiculent en fait chacun une idée différente. "Japanese Classic Horror" met l'accent sur le fait qu'il s'agisse de classiques de l'horreur japonaise; "Samurai Horror Tales" insiste de son côté sur le côté "féérique" et "légendaire" de ces histoires, en utilisant la figure quasi-mythique du Samouraï pour le rattacher à ce Japon de légende (un peu comme on le ferait avec nos chevaliers, par exemple); quant au "théâtre de l'horreur", il rappelle le kabuki, une forme de théâtre traditionnel nippon, auquel les histoires racontées se rattachent - on peut aussi aller plus loin en dressant des parallèles et tissant des métaphores entre le théâtre, l'horreur et la mise en scène, mais je n'en ferai rien aujourd'hui.
Peut-être m'avance-je un peu trop, mais cette disparité me donne un peu l'impression que les traducteurs/adaptateurs ne savaient pas trop comment prendre la série, sous quel angle elle devait être visionnée, ce que je n'ai aucun mal à comprendre - peut-être que, si vous n'avez pas vu la série, mes lignes vous aideront à saisir pourquoi. Pourtant, on retrouve des idées communes dans ces titres: l'horreur est à chaque fois présente, ainsi que le fait d'avoir toujours gardé le titre original - ayakashi - au début. Ayakashi, une espèce de mot bizarre utilisé pour définir un yokai comptant certainement quelques anguilles parmi ses ancêtres, mais aussi plus généralement un monstre, un esprit (chose à confirmer par un(e) japonophone de passage, ce serait cool). Et je trouve ça malin non seulement d'avoir gardé ce mot, mais en plus de l'avoir gardé tel quel. Non seulement, parce que, par son sens, il indique l'esprit fantasmagorique de la série, mais aussi parce qu'étant une notion indissociable du folklore japonais, il indique tout de suite dans quelle ambiance il va nous plonger.


Le vif du sujet


Amis amateurs de gore à la recherche de sensations fortes, laissez-moi vous dire que vous vous êtes visiblement gourés d'établissement. Là où l'horreur, telle qu'on l'entend aujourd'hui, exigerait de faire ressentir de la peur et de l'angoisse, à grand renfort de claustrophobie, de sang et de petites filles de gros monstres baveux, celle d'Ayakashi peut paraître un peu vieux jeu, ancrée dans la tradition du conte et du kabuki. Une horreur plus psychologique, portée sur la cruauté des sentiments humains, leurs désirs, leurs peurs et leurs vices incarnés en quelque sorte par les yokai. Il y avait quelque chose en fait qui m'a rappelé la tragédie shakespirienne - vous savez, celle où les malédictions pleuvent par paquet, où un membre du casting sur deux est fou, et où tout finit dans un bain de sang qui n'épargne généralement que le glandu qui arrive après la bataille pour récupérer la couronne et accessoirement constater que le tapis est foutu*. Le tout ancré jusqu'à la vase dans le folklore nippon. 
Ayakashi propose en effet trois histoires différentes, adaptations d'oeuvres pour les deux premières, ou histoire originale pour la troisième, mais toutes tournant autour de légendes et fantômes japonais.

[* Oui, c'est comme ça que je définis une tragédie shakespirienne-type. Il existe évidemment des exceptions, comme Roméo et Juliette où il n'y a pas de couronne à récupérer, ou Richard III, dans lequel ce n'est pas le tapis du salon, mais la pelouse qu'il faudra songer à remplacer.]


Arc I : Yotsuya Kaidan - réal. par Testuo Imazawa


Adaptation de la pièce de kabuki écrite par Tsuruya Nanboku en 1825, Yotsuya Kaidan nous conte la sombre histoire d'Oiwa, une jeune femme trahie par son époux Iemon, qui l'empoisonne et la pousse à la mort pour les beaux yeux d'une autre femme. Trompée et humiliée, Oiwa revient par la suite d'entre les morts pour assouvir sa vengeance. Trahisons, meurtres dans tous les coins, folie, cruauté, malédictions en tous genres...

Quand je parlais de "tragédie shakespearienne", c'est principalement à cette histoire que je pensais. C'est peut-être d'ailleurs inconsciemment cet aspect qui fait qu'elle m'a autant marqué, ajouté à son côté noir et glaucque. A vrai dire, je vous ai résumé très rapidement ce premier arc, mais niveau cruauté et rebondissements macabres, il est en réalité bien plus fourni que ce qu'il pourrait laisser supposer au premier abord. Il a pourtant quelque chose d'assez "à l'ancienne", aussi bien dans sa narration et sa mise en scène, que dans son animation et son chara-design... Pour tout vous dire, au début, je croyais même sincèrement avoir affaire à une série des années 90, c'est dire! Quelle n'a pas été ma surprise en découvrant que l'année de production était non pas 1992, mais 2006... Et pourtant, j'ai trouvé qu'il se dégageait un certain charme de cette animation un peu vieillote... En fait, je trouve même qu'elle sert parfaitement le propos: couplée au design particulier mais à mes yeux réussi des personnages, sa lenteur vient appuyer l'ambiance lourde et dérangeante qui se dégage de l'histoire. Un arc qui m'a donc marqué et que j'ai trouvé particulièrement réussi au niveau de son chara-design, son histoire, sa narration et l'ambiance lourde et glaucque qui s'en dégage, renforcée par une forme pourtant loin d'être au top techniquement.

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Arc II : Tenshu Monogatari - Hidehiko Kadota


Basé sur une nouvelle écrite par Kyoka Izumi en 1917 - qui deviendra par la suite une pièce de kabuki en 1951 - Tenshu Monogatari raconte l'histoire d'amour entre une princesse démone, Tomi, et un jeune fauconnier, Himekawa Zushonosuke (merci l'Internet!). La princesse Tomi est cependant à la tête du terrible château hanté d'Himeji, où elle vit avec ses soeurs démones en se repaissant des humains imprudents qui osent y pénétrer. Mais la rencontre entre Tomi et Zushonosuke va petit à petit faire évoluer cette situation, d'autant que le daimyo local voit d'un très mauvais oeil ce repaire de monstres qui l'importune plus qu'autre chose. Amour interdit, combats désespérés et êtres fabuleux sont au programme dans Tenshu Monogatari.

J'avoue avoir été plutôt surpris en constatant que cet arc avait été globalement préféré au premier, et pas qu'un peu. Pourtant, de mon point de vue, Tenshu Monogatari n'est pas au niveau de Yotsuya Kaidan. Premier point déjà: je ne suis pas très fan de la direction artistique. Certes, le chara-design est moins "daté", mais je lui trouve également beaucoup moins de charme, surtout en ce qui concerne les personnages masculins, assez laids, il faut bien le dire. Et puis, ces couleurs chatoyantes... Autant, dans l'arc suivant, elles conviennent parfaitement, autant ici, je ne les trouve pas forcément adaptées, il y a quelque chose qui sonne faux. Et puis cette animation... Là, pour le coup, malgré quelques scènes d'action plus réussies, elle plombe vraiment l'histoire. Ohlàlà, ces courses à cheval... Je n'en ai pas vu d'aussi raides depuis la Playstation première du nom... Et pour un arc qui en comporte autant, c'est vraiment dommage!

Mais le principal grief que je pourrais faire à l'encontre de Tenshu Monogatari concerne son récit. Non, je ne suis pas vraiment un grand fan des histoires d'amour. Ou plutôt, pour être vraiment exact, j'aime bien les romances, mais quand elles interviennent dans le contexte d'une autre histoire. Mais pourquoi pas, après tout; fondamentalement, je n'ai rien contre, juste que ça ne me passionne pas et qu'il en faut beaucoup pour me convaincre. Autant vous dire que d'emblée, Tenshu Monogatari ne partait pas vraiment gagnant. Et n'a pas fini gagnant non plus, en y réfléchissant.
Parce que, si j'ai apprécié le personnage de la Princesse Tomi, tiraillée entre ses origines, son rang, et sa curiosité envers les humains, je suis en revanche loin d'avoir porté dans mon coeur le jeune fauconnier. Assez rapidement, son caractère et son comportement me sont sortis par les yeux, et je me suis retrouvé du côté de la vieille Uba, à souhaiter qu'il se barre, se suicide, ou accepte de se faire manger par des fourmis en offrande aux kamis. Même leur supposée histoire d'amour sonnait creux, j'ai vraiment eu l'impression que le récit forçait les choses pour le bon déroulement de l'intrigue... mais non... Ce n'est pas comme ça que les sentiments fonctionnent... Et surtout, pas comme ça que vous réussirez à conserver mon intérêt. J'ai presque dû me forcer pour regarder les deux derniers épisodes!

Il y avait pourtant de bonnes idées, une histoire poétique sur le papier, quelques scènes plutôt jolies et réussies, certains passages mélancoliques, et même pour ce qui est du chara-design, les personnages féminins ont quelque chose d'assez gracieux. Et surtout, la bande-son est superbe (m'enfin, elle est commune à tout la série, pas uniquement à cet arc) et plonge tout de suite dans l'atmosphère mystico-fantastique étrange de la série. Mais à côté, tout cela est gâché par une romance assez plate à mon goût, des personnages peu intéressants, et une réalisation qui ne suit pas toujours. L'arc le moins bon des trois à mes yeux.

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Arc III : Bakeneko - Kenji Nakamura


Seule histoire vraiment originale du trio, Bakeneko présente un fantôme japonais très populaire - le... bakeneko. On y suit un étrange apothicaire, également exorciste, sur le lieu d'un mariage où la promise a été mystérieusement assassinée. Il s'avère bientôt qu'il s'agit de l'oeuvre du fameux bakeneko, revenu pour se venger. Chargé de son élimination, l'apothicaire ne peut toutefois le défaire sans connaître les raisons de sa haine. Il lui faut donc lever les mystères qui pèsent sur la Maison, afin de pouvoir vaincre son adversaire. Lourds secrets de famille, action idyllique et ambiance huis clos pour ce dernier arc visuellement atypique.

Sans aucun doute le plus intéressant des trois arcs en terme d'animation et de mise en scène, et peut-être mon préféré, même si Yotsuya Kaidan m'a davantage marqué. C'est une véritable extase visuelle, fourmillant de détails et de couleurs dans un style très marqué qui rappelle les estampes japonaises. On a également pas mal de bonnes trouvailles au niveau de la mise en scène qui viennent appuyer cette ambiance colorée un peu irréelle. J'ai également trouvé l'histoire et la narration très intelligentes, cette façon d'installer peu à peu le malaise dans ce huis clos, qui nous pousse finalement à vouloir en apprendre davantage sur les personnages, à savoir pourquoi on en est arrivé à cette situation. Et au final, là où dans Yotsuya Kaidan, dès le début, la couleur était annoncé, ici le masque de légèreté tombe de plus en plus au fur et à mesure des épisodes, pour révéler encore une fois la cruauté des sentiments humains. Oh, il y aurait tant à dire sur ce dernier arc, sur sa direction artistique, sur son ambiance, sur son héros, cet apothicaire si mystérieux et pourtant tellement charismatique... Toutefois, pour éviter de trop me répéter par la suite, je m'arrêterai ici. Car, peut-être le savez-vous déjà, mais le succès de cette dernière histoire fut tel qu'une autre série d'une douzaine d'épisodes reprenant le même personnage principal et se déroulant dans le même univers, a été produite. Cette série, Mononoke, je compte bien la regarder prochainement, et à ce moment-là, je vous en reparlerai plus en détail!


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Alors, en conclusion, Ayakashi, c'est à voir ou pas?


Hé bien, je dirais que si vous êtes féru de folklore et de légendes japonaises, vous pouvez tenter l'expérience. L'atmosphère est clairement un des points forts de la série, tous arcs inclus - oui, même le second que je n'ai pas aimé. Au niveau de la réalisation et de la direction artistique, c'est kif-kif bourricot, à vous de voir, en revanche la bande sonore est une vraie réussite. Après, gardez à l'esprit que chaque arc est totalement indépendant, donc si l'un ne vous branche pas trop, vous pouvez directement enchaîner avec le suivant sans être perdu - le dernier en revanche est incontournable, ne serait-ce que pour le côté expérimental de sa patte graphique et de sa mise en scène particulières.

Le mot inutile de la fin


Mais au final, Tonton Artalok, je n'ai toujours pas la réponse à ma question: horreur ou pas horreur?
Ne t'inquiète pas, cher petit lecteur perdu, je vais te répondre. C'est peut-être le titre qui t'a attiré vers cette série, avec l'éventuelle promesse de vivre une expérience gore et épeurante qui ferait passer Corpse Party pour un épisode des Bisounours**. Mais l'horreur d'Ayakashi n'est pas celle d'aujourd'hui, mais celle des origines, à base de folklore, de malédictions et de noirceur humaine, d'où provient la J-Horror actuelle. Ce n'est donc peut-être pas exactement ce que tu recherchais, cher petit lecteur, mais c'est aussi bien pour enrichir ta culture, tu ne crois pas? Allez, mes amitiés à toi, et que tes pas te guident vers de bonnes découvertes!

[** Après, tout dépend: si par exemple vous êtes comme moi, et que la perspective d'avoir à ne serait-ce qu'en supporter le générique constitue déjà en soi une expérience horrifique, inutile de dire que cette expression ne fonctionne pas.]


mardi 9 juin 2015

Les Avis Express III: La Revanche bédé-esque [#03]

Sans prétention, et surtout sans tergiverser plus longtemps (pour une fois), voici quelques découvertes sympathiques de ces derniers mois:




Innocent, Shin'Ichi Sakamoto (tomes 1 et 2)
Manga, 2013 - 204 & 222 pages

En bon mordu d'Histoire que je suis, j'ai un "petit" faible pour tout ce qui est bandes-dessinées (et donc manga) historiques. C'est donc avec curiosité que je me suis tourné vers Innocent, largement mis en avant lors de sa parution par chez nous. Et je ne regrette pas, oh non!

Le récit nous entraîne en plein Siècles des Lumières, pour proposer de suivre le personnage de Charles-Henri Sanson, exécuteur des hautes oeuvres de Paris (c't'un bourreau, quoi) - un personnage qui a réellement existé. Seulement voilà: chez les Sanson, on est bourreau de père en fils, mais le Charlot, lui, il aime pas trop ça. C'est donc une histoire cruelle qui nous attend, celle d'un jeune homme qui cherche qui il est, qui veut mais ne peut se soustraire à sa destinée, le tout dans une ambiance très sombre pré-Révolution. 
C'est glaucque. Très glaucque. C'est noir. C'est violent. Et pourtant, c'est fascinant. Je ne sais pas si c'est la narration et la mise en scène très particulières de l'auteur qui  utilise souvent utilise ce que je vais appeler des métaphores graphiques pour rendre son récit plus fort. Peut-être est-ce plutôt l'ambiance historico-malsaine, très crue, qui ne nous épargne rien. Ou alors le style graphique magnifique de l'auteur, à la fois fin, détaillé, et très réaliste, juste superbe - une véritable orgie oculaire. Sans doute les trois à la fois. En tout cas, je suis tout simplement tombé amoureux de cette série, et j'attends avec impatience les troisième tome, qui devrait arriver sous nos latitudes d'ici le 1er juillet. Un gros coup de coeur!

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Altaïr, Kotono Katô (tomes 1 à 5)
Manga, 2008 - 218 & 192 pages

Altaïr, c'est l'histoire de Mahmud, un jeune fauconnier récemment promu pacha, qui découvre les réalités de la politique et du monde militaire. Dans cet univers fortement inspiré par les grandes civilisations méditerranéennes du Moyen-Âge et de la Renaissance (Venise, Byzance, l'Empire Ottoman, la France...) la guerre semble inévitable lorsque l'Empire du Balthrain menace d'envahir le continent tout entier. On suit donc la route de Mamhud, qui afin de trouver le moyen de mettre fin aux conflits, parcourt le monde pour forger son expérience et ses connaissances. 

Les deux premiers tomes avaient été une vraie bonne surprise. J'ai été un peu déçu par le troisième tome, qui tombait dans les travers du "méchant empire parvenu" vs "gentil empire légitime" malgré des retournements de situation intéressants et une fin satisfaisante, mais les quatrième et cinquième tomes relèvent largement la barre, d'autant que les véritables enjeux, bien plus importants qu'attendus au départ, commencent à pointer le bout de leur nez... J'ai toujours un peu de mal avec l'aspect parfois très "shonen-esque" des évènements, mais globalement donc, c'est une série que j'apprécie vraiment de suivre, notamment pour découvrir ce que l'auteure nous mijote pour le tome suivant. Le côté politique, assez "simple" au départ, s'étoffe peu à peu, de même que l'intrigue, et les personnages, Mahmud en tête, sont très attachants. Et puis, cette patte graphique à tomber! Götterdämmerung, qu'est-ce que c'est beau!

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Boules de Cuir, Phicil & Drac
Bande-dessinée, 2012 - 64 pages

On poursuit notre périple historique avec cette fois une plongée dans les années vingt! Phicil et Drac signent ici un album un peu surprenant, qui nous embarque dans un Paris et sa banlieue revisités, avec un style graphique bon enfant mais une histoire pas enfantine. Une histoire de paris sportifs, de matchs de boxe amateurs, de mensonges et d'idéalisme. Des thèmes plus sombres sont également abordés, comme la guerre et ses dégâts (la "Première" n'est pas loin derrière et a laissé son empreinte...) mais avec beaucoup d'humour et de légèreté. Le tout pour une ambiance qui rappelle les bons vieux films français des années 40-50 avec Jean Gabin - ou pourquoi pas Les Tontons Flingueurs, si vous voulez.
Je ne peux que vous recommander la lecture de Boules de Cuir. C'est tout à fait par hasard que je suis tombé dessus à la bibliothèque, et j'en garde encore un très bon souvenir. Comme quoi, parfois, la lecture "à l'aveuglette" a du bon! Un excellent album que je vous invite donc à découvrir sans plus tarder! 

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Bon ben voilà, c'est tout pour aujourd'hui!


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lundi 8 juin 2015

Pause lecteure - La magie chamanique, c'est quand même bien quand ce n'est pas un prétexte pour mettre du sexe à toutes les sauces sur le tapis.

Warcraft, tome 2 : Lord of the Clans, de Christie Golden 

Esclave. Gladiateur. Chaman. Chef de guerre. L'énigmatique orc connu sous le nom de Thrall a joué tous ces rôles. Élevé par de cruels maîtres humains qui cherchaient à le modeler en parfait pion, Thrall a été conduit, à la fois par sa nature sauvage et par une intelligence particulièrement acérée, à poursuivre une destinée qu'il commence seulement à entrevoir. Briser sa condition d'esclave et redécouvrir les traditions ancestrales des siens. Le récit tumultueux de son parcours initiatique - une saga d'honneur, de haine et d'espoir peut enfin être révélé...
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  Infos complémentaires:
  Série: Warcraft
  Origine: Etats-Unis
  Lu en V.O.
  Edition: Pocket Books - Fantasy (2001)
  280 pages



" A profound peace swept over him as he watched his people cry his name. After so many years of searching, he finally knew where his true destiny lay; knew deep in his bones who he was: Thrall, son of Durotan... Warchief of the Horde. He had come home. "


Sorti en 1994, Warcraft: Orcs and Humans est un jeu de stratégie en temps réel prenant place dans un univers largement inspiré des oeuvres de Tolkien et de Donjons et Dragons. Le jeu rencontrera son petit succès, mais c'est avec sa suite, Warcraft II: Tides of Darkness, sorti en 1995, que la série gagnera véritablement en popularité, permettant à Blizzard de se hisser sur le devant de la scène vidéoludique. Fort du succès de sa série phare, le développeur américain s'attelle alors dès 1996, en partenariat avec Animation Magic, à la création d'une suite, mais cette fois-ci sous forme de jeu d'aventure point'n click - cet opus, c'est Warcraft Adventures: Lord of the Clans. A peine 2 ans plus tard, bien qu'il soit déjà bien avancé, le jeu se voit annulé, Blizzard l'estimant "en retard sur son temps".

Un petit aperçu de ce qu'aurait dû donner Warcraft Adventures.
Alors, pourquoi est-ce que je vous parle de tout ça alors que la chronique est consacrée non pas à l'un des jeux de la licence, mais à la série littéraire qui prend place dans le même univers? Pourquoi est-ce que je vous parle d'un jeu qui a été annulé, alors qu'on n'est pas dans le chapitre 3 des jeux injustement oubliés? Parce que - et vous avez peut-être pu le deviner si vous avez été attentifs - si le jeu n'a jamais été finalisé, le scénario de Warcraft Adventures a en revanche servi de base à Christie Golden pour l'écriture de Lord of the Clans. C'est d'ailleurs principalement cette raison qui m'a poussé à le lire, car Lord of the Clans permet de faire le lien entre les événements de Warcraft II et ceux de Warcraft III.


L'entre-deux guerres, c'est pas rigolo


L'histoire prend ainsi place après les événements de la Deuxième Guerre (Warcraft II) ayant opposé les forces de l'Alliance et de la Horde. Les Orcs vaincus sont faits prisonniers et parqués dans des camps par les Humains et les quelques clans libres restant en Azeroth sont traqués, parmi lesquels ceux de Grom Hellscream (ou Hurlenfer en vf) et Orgrim Doomhammer (Marteau-du-Destin) l'ancien chef de la Horde. C'est dans ce contexte d'après-guerre que grandit le jeune Orc Thrall, recueilli alors qu'il n'était qu'un nourrisson par le lieutenant humain Aedelas Blackmoore. Elevé comme une machine de guerre, il est éloigné de tout contact avec son peuple. Mais plus les années passent, plus les questions s'accumulent, et un beau jour, fatigué de subir les caprices et les violences de son maître, il finit par partir à la recherche de ses origines.

On suit donc l'évolution du personnage de Thrall, avant qu'il ne devienne le chef de la Horde et l'un des personnages-clé de Warcraft III. Un peu naïf au début, puisqu'il a grandi sans rien connaître de son peuple, et avec le minimum d'éducation possible, il gagne peu à peu en force, en assurance et en charisme au fil de son entraînement, tout en conservant ses valeurs de bravoure, de justice et de compassion. Plutôt calme, curieux, et pas trop irréfléchi bien que déterminé, c'est donc un héros pas prise de tête à l'évolution crédible et que j'ai trouvé vraiment très attachant.
A ses côtés, on découvre le peuple des Orcs et ses coutumes, et c'est en cela également que le roman est intéressant, puisqu'il permet d'avoir un autre point de vue sur cette race souvent considérée à tort comme des monstres assoiffés de sang et de batailles. On y découvre ainsi un peuple détruit par sa défaite, mais aussi par son propre orgueil, un peuple de guerriers d'honneur, dont les liens forts avec les animaux et les esprits de la Nature sont à la base même de la culture. Une culture chamanique donc, emplie d'harmonie et de sagesse, bien loin de l'image de brutes véhiculée par les Humains. Thrall ayant grandi au milieu de ces humains, il a donc tout à y découvrir, et c'est plutôt agréable pour le lecteur, puisqu'ainsi, il peut se placer au même niveau que le héros pour apprendre en même temps que lui. Un apprentissage qui sera décisif pour Thrall, puisqu'il lui permettra d'acquérir les pouvoirs nécessaires à la libération des Orcs prisonniers dans les camps, et devenir le nouveau Chef de Guerre de la Horde.

Pour la Horde !


Drek'Thar, chaman et ancien leader des Loup-de-Givre
A vrai dire, le récit est plutôt classique dans sa construction, et ressemble à nombre de romans d'initiation de Fantasy. C'est peut-être un des premiers reproches que je pourrais lui adresser, puisque je n'ai jamais vraiment été surpris. Excepté peut-être vers la fin, lorsque Lord Blackmoore, qui a complètement sombré dans la folie, révèle à quel point il peut se montrer cruel en [gros spoil tout pas beau!] exécutant froidement Taretha avant de jeter sa tête aux pieds de Thrall. Mine de rien, je m'attendais vraiment à ce qu'elle survive et rejoigne la Horde aux côtés du jeune Orc, ou au moins qu'ils se séparent en bons termes. [/fin du gros spoil] Par ailleurs, j'ai un peu regretté qu'on ne s'étende pas davantage sur la culture orc et que les passages où Thrall se trouve en compagnie du Clan Frostwolf (Loup-de-Givre) ne soient pas plus longs.
Toutefois, et même si l'architecture du roman n'a rien de vraiment original, l'histoire reste globalement bien maîtrisée et rythmée de bout en bout, malgré quelques passages un peu plus mous au milieu/deux-tiers du récit. Christie Golden a une plume fluide et agréable, que j'ai trouvée facile à lire - surtout que j'étais en VO, pour vous dire à quel point c'est simple à comprendre. Rien d'extraordinaire dans son écriture, certes, mais pour un récit de ce genre, c'est amplement suffisant. Par ailleurs, elle réussit à éviter quelques écueils qu'on retrouve trop souvent en heroic fantasy: il n'y a pas vraiment de méchant/gentil; les Orcs, même libérés, n'en deviennent pas pour autant des enfants de choeur, et c'est la peur de l'inconnu et l'incompréhension face à l'étranger qui pousse les Humains à les enfermer et les affronter. Même Blackmoore, s'il est un peu caricatural dans son orgueil et son ambition, reste un homme qui a perdu la tête après avoir vu ses projets échouer, et est vu sous ses plus mauvais jours parce que c'est bel et bien Thrall que l'on suit.

Bilan des courses


Lord of the clans permet ainsi, tout en faisant le lien entre Warcraft II et Warcraft III, d'apprendre à mieux connaître le personnage de Thrall et son parcours, mais aussi de découvrir à ses côtés un peuple et une culture bien loin des idées reçues. La construction du récit est plutôt classique et le roman ne brille pas par son originalité, mais Christie Golden maîtrise son sujet et nous livre une aventure rythmée et maîtrisée, à l'aide d'une plume simple mais efficace. Certes, il subsiste quelques passages un peu mous, d'autres qui auraient mérité un meilleur développement, et puis il manque ce petit quelque chose qui soulève les foules, mais globalement, Lord of the clans fut une agréable lecture!

Blackmoore recueillant Thrall - l'histoire de Lord of the Clans
a été partiellement adaptée dans Warcraft Legends 2

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