''Il fallait qu'on ait calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin. La cuisinière de sa logeuse, Mme Grubach, qui lui apportait tous les jours son déjeuner à huit heures, ne se présenta pas ce matin-là. Ce n’était encore jamais arrivé. [...] On frappa à la porte et un homme entra qu’il n’avait encore jamais vu dans la maison. Ce personnage était svelte, mais solidement bâti, il portait un habit noir et collant, pourvu d’une ceinture et de toutes sortes de plis, de poches, de boucles et de boutons qui donnaient à ce vêtement une apparence particulièrement pratique sans qu’on pût cependant bien comprendre à quoi tout cela pouvait servir.« Qui êtes-vous ? » demanda K. en se dressant sur son lit.''
Infos complémentaires:
Auteur: Franz Kafka
Titre original: Der Process (1925)
Titre original: Der Process (1925)
Traduction par Bernard Lortholary
Edition: GF - Flammarion (1993)
Nombre de pages: 300 pages environ
Hum.
"J'annonce donc la reprise de "Deadly Dull" en ce beau mois d'août ensoleillé (bouh!), après deux mois d'arrêt, pour le meilleur, et surtout pour le pire.", disais-je donc la dernière fois. Hum, hum.
A vrai dire, j'ai un peu tardé, et il aura donc fallu presque deux semaine pour que ne paraisse l'article suivant.
C'est d'ailleurs un peu le destin de cette chronique, que de traverser le temps sans jamais voir vraiment le jour. Elle aurait en effet dû être complètement rédigée et publiée il y a plus de deux mois, afin de compter pour ma participation au "Challenge Kafka", mais les aléas de la vie étant ce qu'ils sont (bouh! méchants aléas!) elle ne paraît que maintenant. Enfin, "mieux vaut tard que jamais", comme disent les jeunes, aussi, il serait inutile de tergiverser plus longtemps sur ces âneries. C'est donc parti pour Le Procès, de Franz Kafka!
Dans Le Procès, nous suivons donc Joseph K., fondé de pouvoir dans une banque, qui se retrouve un matin arrêté sans
en connaître la raison. Entraîné dans les engrenages d'une justice arbitraire qui se borne à le considérer comme coupable sans qu'il n'en sache la raison, il tente par tous les moyens de trouver de l'aide, des failles dans ce simulacre de justice, afin de pouvoir prouver son innocence et se sortir enfin de ce système terrible. Mais plus il agit, et plus les mailles du filet semblent se refermer sur lui, et ce jusqu'à la fin, une conclusion terrible, qui anéantit tout espoir pour cet homme, condamné dès le début.
en connaître la raison. Entraîné dans les engrenages d'une justice arbitraire qui se borne à le considérer comme coupable sans qu'il n'en sache la raison, il tente par tous les moyens de trouver de l'aide, des failles dans ce simulacre de justice, afin de pouvoir prouver son innocence et se sortir enfin de ce système terrible. Mais plus il agit, et plus les mailles du filet semblent se refermer sur lui, et ce jusqu'à la fin, une conclusion terrible, qui anéantit tout espoir pour cet homme, condamné dès le début.
K., est l'archétype du modeste mais brave employé de bureau, qui se retrouve embarqué sans le vouloir dans un système impartial auquel il ne comprend rien. Et on s'attache forcément à lui - malgré le peu d'information que l'on a sur lui - le soutenant, inconsciemment ou non, dans son combat contre la dictature de cette justice impartiale. Une lutte qu'il mène seul, soutenu mentalement par le lecteur. (moi!) Il y a d'ailleurs un petit air qui me vient en tête... Pas vous? Bon, je suis tout seul alors...
Le combat de K. paraît ainsi perdu d'avance, alors que dès les premières lignes, il est déjà embarqué dans les rouages de cette administration aveugle et toute-puissante, à la fois incapable et terriblement efficace, mais également invisible et pourtant partout présente - il n'est ainsi jamais possible à K., de même qu'au lecteur, de savoir si une personne qu'il rencontre appartient ou non au tribunal. Des ambigüités qui ne rendent finalement ce système que plus terrifiant, puisqu'impossible à saisir. Et ce, autant pour K. que pour le lecteur.
Car K. semble être la seule personne sensée, raisonnable, "normale" même, dans cette société invraisemblable où tout le monde semble agir de manière illogique, décousue, alors que tous paraissent manipulés par ce système qui n'a de dirigeant que ses propres lois injustes. Ainsi, à la lecture, on se trouve finalement aussi perdu que l'est K., dans cet univers qui lui est à la fois familier et pourtant inconnu.
Et c'est ça que j'aime chez Kafka: l'absurdité des situations, que l'on retrouve dans son écriture - ce n'est pas pour rien qu'il est considéré comme l'un des maîtres de l'absurde! Mais cette écriture, s'avère également ici terriblement oppressante, ce qui ne fait que renforcer la puissance du récit. Et pose des réflexions intéressantes, en poussant à s'interroger sur la nature de la Loi, de la Justice, et même de la culpabilité et de l'innocence, des notions qui causeront bien des ennuis à K.! Un récit intelligent, donc, appuyé par une grande écriture.
Néanmoins, puisque je ne peux décemment pas faire l'impasse sur les défauts du Procès - sinon, les autres livres vont m'en faire un pour discrimination (oh que si, ils en serait bien capables!) - je dirais tout de même qu'on sent bien par moment qu'on a affaire là à un texte inachevé qui n'était pas à l'origine destiné à la publication.
En effet, l'écriture et le rythme sont parfois (souvent?) inégaux.
Quelques passages restent (volontairement?) trop longs et surtout, assez lourds à lire. Je pense particulièrement aux explciations de l'avocat sur le système judiciaire, qui s'étendent certes sur un seul paragraphe, mais un paragraphe de deux à trois pages, tout de même! (et écrit petit, en plus... Pfuuuh...) Vous comprendrez bien sûr - ou alors vous êtes idiots (mais je vous aime bien quand même, allez!) - que j'ai trouvé ça un peu indigeste. Peut-être était-ce l'effet recherché, remarquez, mais ce genre de passages a considérablement ralenti ma lecture pendant un temps.
Et puis surtout, un chapitre demeure inachevé, au plus fort de l'action, de surcroît!
Par ailleurs, il n'existe pas de réel lien entre les différents chapitres, si ce n'est le "fil rouge" du roman, ce qui pourra gêner certains - mais ne m'a personnellement pas dérangé outre mesure.
Le mot de la fin
Le Procès, s'il possède les imperfections d'un texte inachevé jamais destiné à être publié, n'en reste pas moins un incontournable, un classique qu'il se faut d'avoir au moins touché du doigt ne serait-ce qu'une fois dans sa vie de lecteur. Oppressant et absurde, ce récit intelligent livre également une réflexion sur la nature de la Loi, dans une société dystopique au système judiciaire tout-puissant et arbitraire. Un petit diamant brut, qui m'a parfois posé problème, mais qui en tout cas, peut se vanter de m'avoir marqué.
Notez en sus que l'édition GF, celle que j'ai lu, contient également un dossier intéressant à la fin, dans lequel on trouve entre autres quelques passages supprimés. (Par contre, pas de possibilité dans le menu de choisir sa version, VF obligatoire pour tout le monde!)
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Notez encore: les deux images au-dessus sont tirées du film de 1962, réalisé par ce gars sympa qu'est Orson Welles.
Quelques citations mûrement choisies:
Notez en sus que l'édition GF, celle que j'ai lu, contient également un dossier intéressant à la fin, dans lequel on trouve entre autres quelques passages supprimés. (Par contre, pas de possibilité dans le menu de choisir sa version, VF obligatoire pour tout le monde!)
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Notez encore: les deux images au-dessus sont tirées du film de 1962, réalisé par ce gars sympa qu'est Orson Welles.
Quelques citations mûrement choisies:
"Le jugement n'intervient pas d'un coup ; c'est la procédure qui insensiblement devient jugement."
"Dans ces conditions, la défense est naturellement dans une position très défavorable et délicate. Mais c'est à dessein, là encore. Il faut vous dire que la défense n'est pas à proprement parler autorisée par la loi, mais seulement tolérée ; encore tout le monde n'est-il pas d'accord sur l'interprétation des textes législatifs qu'invoquent les partisans de cette tolérance."
"Ce que tu dis là est plausible, dit le bastonneur, mais je ne me laisserai pas soudoyer. On m'emploie pour bastonner, je bastonne."
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Et voilà une première chronique pour le Challenge Kafka! C'est une "participation posthume", certes, mais bon, tant pis!
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