"Siang-tse, le grand Siang-tse, le courageux, le fort, celui qui avait tant rêvé, tant cherché la réussite, combien de morts avait-il accompagnés jusqu'à leur tombe? Lui, le malheureux, le déchu, l'"individualiste" qui croyait pouvoir réussir tout seul, quand donc serait-il enterré avec cette société cruelle et pourrie qui l'avait enfanté?"
(extrait du chapitre 24)
Portrait de l'auteur, Lao She. |
Malgré mon attrait pour la littérature asiatique, en particulier nippone, coréenne et chinoise, je ne m'étais pourtant jamais intéressé de près à cet auteur, à défaut d'en avoir véritablement entendu parlé. A vrai dire, et comme souvent, d'ailleurs, je suis tombé sur ce roman en farfouillant dans la bibliothèque de membres de la famille à la recherche d'un livre à lire, mais rien de particulier. Ç'avait trait à l'Histoire de la Chine d'un certain point de vue, et c'était pas trop long, il n'en n'a pas fallu plus pour me pousser à le lire. Et au final, je ne l'ai pas regretté. Tout ça pour dire qu'en se jetant dans l'inconnu, on peut certes souvent avoir de mauvaises surprises, mais aussi de très bonnes. Du coup, je vous encourage à faire pareil: fouillez, intéressez-vous à ce que vous ne connaissez pas, goûtez-y avant de dire que c'est mauvais, et vous ferez sans doute de très belles découvertes, des rencontres qui peuvent être inoubliables.
Je disgresse, je disgresse, mais c'est dans mes habitudes, vous commencez à me connaître. Revenons-en au sujet de base, à savoir Le pousse-pousse.
Un tireur de pousse pékinois |
De désillusion en mésaventure, on suit donc ce personnage à la fois sympathique, entêté, et quelque peu philosophe qu'est Siang-tse. A travers son destin, c'est en fait celui du petit peuple de Pékin et de cette Chine en proie aux conflits intérieurs, alors que s'engage la guerre contre le Japon, qui nous est raconté. Emaillé de quelques descriptions, le roman nous fait découvrir le dur monde des tireurs de pousses, les ruelles sombres de Pékin, les belles maisons des quartiers riches, la rudesse de la vie dans les quartiers plus populaires, au gré des saisons et des ans. C'est un peu comme du Zola, en fait, mais en moins
Pékin, Av. Qianmen, dans les 30's |
Car tout cela est narré avec tant de légèreté et d'ironie, que si l'on plaint bien sûr Siang-tse, son malheur n'apparaît pourtant jamais si tragique. Certaines situations en sont même rendues amusantes, comme un épisode où, arrêté par des militaires, il parvient à s'enfuir avec un troupeau de chameaux, sans avoir aucune idée de la façon de s'en occuper. Tout l'humour de Lao She parvient ainsi à rendre légère une histoire en apparence très tragique.
Le mot de la fin:
Le chant des premières pousses (XIIIe), Ma Yuan,
peintre de l'Académie Impériale de Pékin
Si vous souhaitez plus d'informations sur l'auteur, Lao She, au lieu de bêtement chercher sur Ouikipédia, je vous encourage à aller consulter cette page.
___________________
Vous avez sans doute remarqué que cette fois, il n'y a pas trouze-mille astérisques. Pas d'inquiétudes, je vous laisse en bonus avec un buste de Lao She. Ne me remerciez pas, c'est gratuit!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire