vendredi 1 septembre 2017

Il habitait les forêts monotones, dans le Grand Nord où la neige s'étend...

...  Mi-chien, mi-loup, il faisait peur aux hommes, il était fort, on l'appelait Loup blanc.


[Pause-lecture] Sorceleur (tome Hors-série) : La Saison des Orages, de Andrzej Sapkowski (Wiedźmin : Sezon Burz, 2013)



On a volé les fameuses épées du Sorceleur ! Et il en a plus que jamais besoin : une intrigue de palais se trame et le prince de Kerack a requis l’aide de Geralt. Mais ce dernier va devoir déjouer les manœuvres d’une belle et mystérieuse magicienne rousse avant de partir à la recherche de son voleur. Heureusement, son fidèle compagnon barde Jaskier lui sera d’un précieux secours, de même que son nouvel ami, le nain Addario, pour affronter les dangers qui l’attendent.
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" Geralt continua à asséner des coups de son épée, cherchant désormais à séparer définitivement la gueule plate du reste du corps. 
Il respirait lourdement.  
Au loin on entendit un grondement. Le déchaînement du vent et les nuages qui noircissaient rapidement laissaient augurer un bel orage. "

   Origine : Pologne
   Traduction : Caroline Raszka-Dewez (2015)
   Edition : Milady (2015)

La couverture chez Milady n'est pas très inspirée
 (enfin, logique marketing, tout ça...) la polonaise est déjà
mieux, et renvoie dans l'esprit aux anciennes de la saga.
Est-ce que je vous ai déjà dit que je suis un gros fan (un amoureux même) des aventures du sorceleur ? Non, je ne vous l'ai pas déjà dit ? Ben alors je vous le dis du coup : je suis un gros fan (un amoureux, même) des aventures du sorceleur. Aussi bien celles littéraires d'ailleurs (que j'ai dévorées) que celles vidéoludiques - bon, surtout le premier jeu à vrai dire, le second je n'avance qu'au compte-goutte parce que je suis obligé d'y jouer sur l'ordinateur de mon frère, et le troisième, ce n'est même pas la peine d”y penser tant que je n'aurai pas autre chose qu'une machine qui date de l'ère préhistorique (je t'aime quand même hein mon petit poussin électronique, mais si tu pouvais améliorer ton processeur et ta mémoire vive tout seul comme un grand, j'avoue que ça m'arrangerait)
Et je vous avoue, et je ne suis pas le seul dans ce cas, que la fin du dernier tome avait un petit côté frustrant. Déjà, ben, parce que c'était la fin, et ensuite parce que l'enchaînement des événements et les adieux aux personnages sont loin d'être satisfaisants, bien trop brusques et dissonants, tout en laissant certaines portes ouvertes. Et il fallait rattraper ça coûte que coûte, d'autant que l'univers me manquait vraiment. Alors d'accord, il reste toujours les jeux, qui offrent une suite et leur propre conclusion aux aventures de Geralt et de ses potes, mais c'est encore un autre support, un autre esprit, et puis pour le moment, je ne peux pas vraiment y toucher, rapport à ce que j'ai dit plus haut, donc bon. 
Cette nouvelle aventure, indépendante et parallèle aux nouvelles, était donc l'occasion de retrouvailles littéraires avec Sapkowski, son loup blanc, et son univers, et peut-être d'un adieu en bonne et due forme cette fois - du moins un adieu provisoire tant que le reste des nouvelles écrites par le bonhomme ne seront pas traduites. On m'avait prévenu une fois ou deux - je ne sais plus où - qu'il s'agissait visiblement surtout d'une oeuvre de commande, à l'intérêt moindre, et j'ai, je l'avoue, malgré mon amour, été freiné un temps à cause de ces commentaires, retardant ma lecture. Comme quoi, hein, des fois, faut vraiment pas écouter les autres.

Je n'ai pas grand-chose à dire sur ce tome en fait, sinon que je me suis régalé.

La jeune Mosaïque, assistance de la magicienne Lytta Neyd,
un personnage intéressant malheureusement en conflit avec sa
maîtresse dont elle subit souvent la mauvaise humeur.
Ce qui est assez amusant, c'est qu'il s'agit certes d'un roman, mais on y retrouve davantage le rythme, le ton et l'esprit des premières nouvelles. Une volonté plus que bienvenue d'effectuer un retour aux sources de la part de Sapkowski : après l'éprouvante aventure en cinq tomes (éprouvante pour tout le monde, personnages, lecteur (je vous renvoie à mes chroniques précédentes, comme j'aime à le dire, c'est une saga que j”ai vécue avec mes tripes) et auteur aussi, je suppose), ça ne fait finalement pas de mal de retrouver un ton plus léger en revenant à l'insouciance des premiers temps - enfin, une insouciance mêlée tout de même de brutalité et de cynisme, mais c'est ce qui fait la force des premières aventures de notre sorceleur. 
C'est en fait en quelque sorte un pot-pourri des différentes ambiances qu'ont pu proposer les deux recueils de nouvelles : romance avec une magicienne, intrigues de cour, pièges et complots, contrats de routine qui dégénèrent, affrontements avec des magiciens et des créatures mythologiques (j'ai adoré d'ailleurs les chapitres avec la vixène, sombres, cruels, mais touchants), beuveries à la taverne avec Jaskier qui se retrouve encore dans de sales draps... Mais cette fois tout cela dans une seule grande toile. Toute l'âme du Dernier Voeu et de L'Épée de la Providence est là, dans ces 400 pages de pur bonheur. Bien sûr, l'irremplaçable Jaskier est de la partie, et Addario remplace avec brio son confrère Zoltan Chivay dans le rôle du camarade nain sympathique. Yennefer, le seul et unique véritable amour de Geralt, a de son côté droit à quelques discrètes apparitions, mais c'est (malheureusement) une autre magicienne plantureuse qui sera au coeur du récit et aura droit aux faveurs de notre sorceleur. Yennie, ma cocotte enfin, il faut défendre un peu plus ton territoire ! Je sais bien que tu étais très occupée, et que vous formez un couple assez libre tous les deux, mais quand même ! 

Il n'a certes pas l'ampleur des autres romans de la saga, et je le place en-dessous de La Tour de l'Hirondelle, mais cette Saison des Orages reste néanmoins une aventure très sympathique que j'ai savourée du début à la fin. 

Juste un petit bémol sur l'écriture (ou la traduction?) du roman qui m'a paru un peu maladroite comparée au reste de la saga, rien de bien alarmant toutefois, mais c'est dommage tout de même car cela lui fait perdre quelques points. Comme si en fait Sapkowski (à moins, encore une fois, que cela ne vienne de la traduction) était un peu fatigué, à l'image de son héros, qui s'il n'a pas perdu en verve, semble avoir au contraire gagné en cynisme, et l'histoire lui donne en quelque sorte raison puisqu'il est transporté d'un bout à l'autre du récit de situation catastrophique en situation catastrophique, chacune pire que la précédente. Comme si ce Geralt - bien que chronologiquement le tome se passe avant sa première rencontre avec Ciri, et même la princesse Adda de Témérie - était usé par sa longue aventure à travers les royaumes du Nord à la recherche de sa fille adoptive. Ça n'a l'air de rien, mais ça accentue pour moi l'idée de retrouvailles après la saga.

Je n'ai pas tellement de choses à rajouter, si vous êtes un fan vous allez de toute façon y goûter si ce n'est déjà fait, si vous ne l'êtes pas ou si vous vous lancez seulement dans la saga (avant ou après les jeux) il peut être un bon petit aperçu de ce qui fait l'essence de la série. Moi j'ai adoré ces retrouvailles, je ne suis certes pas objectif car c'est ici surtout mon coeur qui parle (avec mes tripes vous dis-je, avec mes tripes!) et le tome n'est certainement pas exempt de défauts, mais comme dit le dicton, quand on aime, on ne compte pas ! quelle conclusion minable quand même pour ce billet plein d”amour... vous m'excuserez j'espère, ce manque d'inspiration...

Les superbes chapitres de la vixène ont bénéficié d'une adaptation en comic (intitulée "Fox children")
signée Paul Tobin et Joe Querio - qui a un style un peu à la Mignola je trouve. 

3 commentaires:

  1. Coucou !

    Si tu n'es pas mouru j'ai une 'tite question pour toi (qui a un rapport avec ta chronique, promis). Y a-t-il un ordre à privilégier lorsqu'on veut découvrir les jeux ET les livres du Sorceleur ?
    On m'a posé la question, mais comme je ne connais que le côté littéraire de la série, je ne sais pas la réponse et te demande donc.
    ...
    Et là après une rapide recherche j'ai l'impression que tu n'as pas parlé du jeu The witcher sur ton blog... Tu ne pourras donc peut-être pas me renseigner.
    C'pas grave, je t'aurais au moins fait un coucou. Et j'en profite aussi pour te souhaiter de bonnes fêtes :)

    (Je reviendrais commenter cet article lorsque j'aurais lu le livre (j'ai le tome 7 à acheter et lire avant), t'inquiète pas.)

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    1. Coucou !

      C'est vrai que ça fait longtemps que le blog est en hibernation... (ce n'est pas la première fois d'ailleurs !) Par manque de temps, j'avais dû le laisser de côté, mais vu que durant deux mois j'ai un peu de répit, ce sera peut-être l'occasion d'un "revival" temporaire, qui sait...

      Pour répondre à question (si tant est que la réponse puisse encore t'être utile, un mois après... ^^" ) : les jeux constituent une suite des livres MAIS ne nécessitent pas forcément d'avoir lu les dits-livres pour y avoir joué - de la même manière par exemple (pardonne l'analogie foireuse) qu'il n'est pas forcément nécessaire d'avoir lu Le Hobbit pour comprendre Le Seigneur des Anneaux. L'oeuvre littéraire et l'oeuvre vidéoludique peuvent "en théorie" être appréhendées de manière indépendante, moi-même d'ailleurs, je n'ai commencé à lire la saga qu'après avoir terminé le premier jeu. Les choses y sont normalement suffisamment bien expliquées (Geralt étant amnésique, ça aide aussi) pour que le novice puisse s'y retrouver sans trop de souci.
      CELA DIT, il vaut mieux évidemment avoir lu les livres, les jeux en étant une suite, mais ce n'est pas obligatoire pour commencer. Je recommande toutefois au moins d'avoir lu les deux premiers tomes de nouvelles, histoire de connaître déjà l'univers dans les grandes lignes, les personnages et les liens qui les unissent, et surtout les nombreuses références/clins d'oeil aux livres disséminés un peu partout.
      POUR CE QUI EST DU TROISIEME JEU EN REVANCHE, là, la lecture de la saga au complet me semble nécessaire avant de se lancer dans l'aventure. Je n'y ai pas encore touché personnellement, mais de ce que j'en connais, en ai vu et lu, plus que jamais il renvoie aux événements de la saga littéraire, avec notamment les retours de Yennefer et de Ciri, mais aussi, monde ouvert oblige, une grande importance de la géopolitique (Nilfgaard, Rédanie, etc). Donc il faut à mon sens impérativement avoir lu les sept tomes de la saga principale pour bien profiter de la richesse de ce que propose le troisième opus, aussi bien au niveau de l'histoire que de l'univers.
      ENFIN, concernant ce tome-ci, pour le coup c'est une aventure un peu indépendante, tu peux la lire quand bon te semble - je la recommande surtout si tu es une fan, et qu'une fois l'aventure littéraire ou vidéoludique terminée, tu es nostalgique de la bonne vieille époque où Geralt draguait des magiciennes et étripait sous contrat des créatures par paquet de douze. C'est une petite aventure à l'ancienne sans grande prétention mais très distrayante, pas nécessaire mais qui permet de passer un bon moment.

      Allez, en te souhaitant de bonnes fêtes à toi aussi (quoique très en retard, on est plus proche de la chandeleur) et peut-être à bientôt ! :)

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    2. Merci pour la réponse !
      Tardive ou non, elle est claire et complète et a été transmise à qui de droit :)
      Ne t'inquiète pas pour son retard, il est plus de ma faute que de la tienne : cela faisait déjà plusieurs semaines que la personne (adorable, en plus, j'ai honte) m'avait posé la question.

      Pour ce tome, je compte le lire comme toi, comme un 'tit supplément une fois la saga finie. Comme le carré de chocolat fondant après un bon repas.

      J'espère que les fêtes ont été bonnes et que l'année se présente bien.
      Au plaisir de te lire pendant ces mois de répit, alors (ou pas, tu as le droit de te retirer dans ta grotte comme l'ermite grincheux que tu es). :)

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